C
e 13 Juillet 1793, Marat va mourir, chez lui, dans sa baignoire, poignardé par Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont, que l'Histoire retiendra sous le nom de Charlotte Corday. Arrêtée dans la foulée, puis emprisonnée, elle sera jugée, condamnée à la guillotine et exécutée quatre jours plus tard. Mais elle ne regrettera rien, elle assumera : elle devait le faire. C'est d'ailleurs ce qu'elle dit lorsqu'elle se retrouve face à « l'Ami du peuple », quelque part, entre le paradis et l'enfer. Dans ce no man's land, s'engage alors une drôle de discussion entre le bourreau et sa victime.
Après Abel, Philippe II de Macédoine et François Ferdinand, c'est au tour du révolutionnaire et journaliste français d'être la victime vedette de la série de Vents d'Ouest. Comme pour les précédents opus, un nouveau duo est aux commandes : Laurent-Frédéric Bollée au scénario et Olivier Martin aux dessins, que vient compléter la colorisation de Sébastien Bouët.
Le dessinateur de Face cachée et Cases Blanches livre une nouvelle fois une prestation sans réelle fausse note : son travail, tant par son découpage sobre que par son trait réaliste, est un modèle du genre. Si quelques poses ou expressions apparaissent un peu figées, les costumes comme les rues de Paris, très réussis, donnent un supplément de crédibilité à des planches très propres. Enfin, mention spéciale à la scène d'ouverture, la vue "à la première personne" la rendant originale et bluffante de réalisme.
De l'originalité, le scénario, par son angle narratif, n'en manque pas non plus. En effet, l'idée retenue par l'auteur du récent Contrecoups, Malek Oussekine s'avère terriblement efficace. Grâce à un huis-clos ingénieux, il parvient à proposer des dialogues surprenants et pertinents entre les deux protagonistes et revenir sur les événements de la journée ( jusqu'au crime et même au-delà ) sans que l'immersion n'en souffre un seul instant. Laurent-Frédéric Bollée présente, comme à son habitude, un récit documenté où chaque élément romancé apporte à l'intrigue. Et alors que les motivations de la jeune meurtrière pourront, au final, sembler légères, le scénariste en profite pour mettre en lumière le passé de ses personnages pour les doter d'une psychologie tourmentée.
S'il dénote dans la série - autant par sa narration que par l'auteur du crime (seule meurtrière des cinq premiers tomes) - ce J'ai tué Marat n'en demeure pas moins plaisant de bout en bout. Un très bon divertissement agréable à l’œil et intelligent.
Le dessin n'est beau. Très statique et le trait parfois enfantin dessert la dimension dramatique de l'histoire. Concernant l'histoire, elle se résume à la préparation de l'assassinat. L'auteur tente de creuser la psychologie et le passé des 2 protagonistes, mais cela ne prend pas. On ne parvient pas à s'attacher aux personnages ou comprendre le mobile de l'assassinat. Peu d'émotion transmise dans ce récit