A
près les célèbres aventures de Don Quichotte, Rob Davis change de registre en entamant une trilogie intimiste et auto-fictionnelle. L'adolescence, le passage à la vie d'adulte, la découverte des rouages de la société et les limites de l'éducation face à la complexité et l'absurdité du monde, tels sont une partie des révélations que Scarper Lee, Véra Pike et Castro Smith vont faire dans leur fugue à travers la ville.
L'heure des lames ne serait qu'un énième roman initiatique à la thématique milles fois vues et revues, si la folie créatrice de Davis n'avait pas transformé ce récit en une fable angoissante et surréaliste, piochant autant dans le cubisme de Pablo Picasso que la noirceur sémantique de Georges Orwell. En effet, le scénariste projette ses peurs pour créer un monde incroyable dans lequel les anniversaires n'existent pas (mais où l'on connaît la date de sa mort), les parents sont des automates bricolés à partir de bric et de broc, les appareils ménagers possèdent une âme et où la pluie est faite de couteaux acérés… De métaphore en métaphore, les jeunes héros arpentent cet univers sombres aux codes impénétrables dans l'espoir d'en comprendre les règles, à défaut de les maîtriser.
La tâche du lecteur pour suivre les tenants et les aboutissants de ces pérégrinations n'est pas plus aisée. Au premier abord, le foisonnement d'idées incongrues s'avère difficile à suivre, voire complètement incompréhensible. Puis, petit à petit, une image à peu près cohérente se forme. Mieux encore, un véritable suspens finit par apparaître, alors que la fin la première partie de cette odyssée existentielle arrive en vue.
La forme très ouverte - peut-être trop diront certains - de la narration choisie par l'auteur permet toutes les interprétations. Heureusement, si Davis préfère la suggestion pour montrer son propos, sa technique narrative est extrêmement au point. Découpage et mise en page ne laissent aucun doute, au milieu de ce déferlement créatif, il sait parfaitement où il va.
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