C
élestin ne pense qu’à une chose : quitter l’étude notariale de son père et monter à Paris pour devenir réalisateur. Et comme il vaut mieux vivre ses rêves que de rêver sa vie, il prend un train pour la capitale...
Les liens entre le 7e et le 9e Art ont toujours été très forts. Nés pratiquement en même temps, l’un puise chez l’autre ses références et son inspiration, et réciproquement. Après Une vie à écrire du duo Félix/Liman ou plus récemment Pornhollywood de Simsolo et Hé, c’est au tour de Laurent Galandon et Frédéric Blier de faire une incursion au pays des frères Lumière.
Si le scénario se situe en 1927, ce n’est pas innocemment. Il s’agit d’une année charnière qui verra le cinéma devenir parlant. Révolution qui précipitera la chute de nombre de dieux cinématographiques muets - symbolisés par Constance, actrice sourde et muette, et Jacques, musicien de salle -, et l’avènement d’une nouvelle manière de s’exprimer sur pellicule. C’est aussi à cette époque que cet art naissant bascula résolument de l’artisanat au mode industriel. La parole du muet n’en est pas pour autant un drame, mais plutôt une comédie qui sait, par de brèves incursions dans le burlesque et une galerie de personnages typés et sympathiques, susciter immédiatement l’empathie du lecteur. Véritable distraction (au sens noble du terme), ce diptyque annoncé ne fait pas pour autant dans la facilité et sait s’inscrire dans son temps et en donner une vision crédible à défaut d’être exacte.
Conçu à l’ancienne, à l’encre et au pinceau, mais colorisé sous informatique par Sébastien Bouet, le travail de Frédéric Blier donne sa personnalité à ce récit. Bénéficiant de la couleur et du son (les phylactères !), le dessinateur d’Amère patrie n’a pas besoin de surjouer comme le faisaient parfois certains acteurs du muet. Tout est posé, simplement, gentiment, serait-on tenté de dire, mais avec justesse. Seul petit point de détail, avec la tonalité des couleurs, un papier mat aurait certainement été plus adapté, tant dans la texture des planches que dans le rendu de la palette chromatique.
À l’image de sa couverture, Le géant et l’effeuilleuse sait - sous une apparence des plus classiques - offrir un divertissement de qualité. Vivement la seconde (et dernière !) séance.
Avec cette BD, le lecteur fait un plongeon dans les années 20. L'apparition et l'expansion du cinéma muet est au centre de ce scénario qui a su me captiver dès les premières planche.
Nous découvrons donc le personnage de Célestin, un homme au physique massif qui s'avère très vite être un nounours rêveur. Fasciné par le monde du cinéma, il veut réaliser ses propres films. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Célestin a une sacrée culture cinématographique. Son arrivée à Paris, sera marquée par la découverte d'un nouveau genre de film, les pornos. Il se retrouve donc à observer une femme entrain de s'effeuiller. À la sortie de la séance, Célestin a pris sa décision, l'effeuilleuse sera l'héroïne de son futur film.
Le scénario est passionnant. Il nous plonge dans une histoire émouvante. J'aime ce rythme qui rappelle justement les films des années 20. Le tout est soutenu par des personnages touchants. En effet, la galerie de protagonistes est magnifiques. Ils ont su m'émouvoir par leur sensibilité et leurs choix. J'espère que le deuxième tome offrira une belle évolution à tous ces personnages.
L'esthétique est quant à elle est très belle. J'ai adoré la façon dont les personnages sont dessinés. Les vignettes fourmillent de détails et c'est véritablement sublime. Mention spéciale à Sébastien Bouet dont le traitement des couleurs complètent cette ambiance très années 20 qui a su me séduire.
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Le dessin n'est pas stéréotypé et de bon niveau (malgré des défauts sur les visages, des proportions...)
l'histoire n'est pas forcement centrée sur le cinéma des années 20 (comme je m'y attendais) mais l'ambiance d’époque est bien restituée. On va suivre le parcours naif du héros pour devenir réalisateur et c'est loin de ce qu'il idéalise. Le scénariste ajoute un petit coté sombre et romantique à l'histoire ce qui lui donne de la profondeur...
La colorisation est plutot bonne et ne dénature pas les décors d'epoque. Par contre je ne sais pas si c'est du à l'impression mais c'est assez saturé et donc peu reposant à la lecture.
Un album plutot plaisant à lire dans son ensemble et qui donne envie de connaitre la suite (d'ailleurs la fin est un peu brutale comme si l''on avait coupé en 2 l'album ss trop tenir compte de l'histoire...)
J’ai trouvé le graphisme de cette BD vraiment sympa. L’histoire est celle d’un passionné de cinéma qui quitte sa province et l’étude notariale paternelle pour vivre sa passion. Sa naïveté fait penser parfois à celle du Schpountz de Marcel Pagnol.
Ici, tout est fait autour de bons sentiments. Il ne me semble pas avoir vu ou soupçonné la présence d’un méchant. Rien d’extraordinaire, mais efficacement apaisant.
Et puis, on a envie de connaître la suite… Est-ce que la fine équipe faite d’un passionné qui se veut scénariste, d’un autre qui se veut caméraman, d’une actrice muette de film érotique et d’une vieille actrice sur le retour pourra réaliser son rêve de film dont le tournage s’effectuera de nuit quand toutes les autres équipes des studios sont endormies.