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anji et Lin continuent leur quête. Lui est devenu immortel grâce à un ver, le Kessenchû, qui régénère ses chairs à chaque blessure. Après avoir tué 100 innocents en 2 ans, il a juré de se racheter en ôtant la vie de 1000 scélérats. Elle a fait le voeu de venger la mort de son père en faisant disparaître son assassin, Anotsu, ainsi que ses disciples. Celle qui va réunir ces deux errants au destin marqué par la violence et le sang est une étrange vieille femme, la prêtresse aux 8 centaines, celle là même qui fît don à Manji du Kessenchû.
L'habitant de l'infini représente à première vue une énigme. Une énième histoire de vengeance et de rédemption, mettant en plus en scène un héros immortel, ce qui enlève d'un coup une bonne partie du suspense des combats... Quel intérêt ? Et pourtant, de nombreux amateurs de manga n'hésitent pas à porter l'oeuvre de Hiroaki Samura aux nues. Alors ?
La première réponse est purement formelle, et saute aux yeux. Dès les premières pages, il est évident que ce jeune auteur montre une maîtrise du dessin et de la narration étonnante. Ses planches, qui mêlent encre, crayon et trames, allient expressivité, dans les regards, notamment, dynamisme, force et une grande lisibilité. Aussi à l'aise dans des scènes de combats, saturées de lignes de vitesse et pourtant la plupart du temps parfaitement claires, que dans un registre plus calme, où il utilise le crayon de papier pour donner une impression de paix, de silence, comme si le temps s'arrêtait, Samura aime le spectaculaire mais sait s'arrêter avant de basculer dans le style pompier. Son trait garde, malgré certains effets, une sobriété qui lui donne une grande élégance. L'ensemble se révèle harmonieux et renforce l'atmosphère légèrement mélancolique et contemplative du manga.
Séduit par le dessin, on se plonge alors dans un récit où le manichéisme est absent. La raison en est simple, L'habitant de l'infini ne raconte pas seulement l'histoire de Manji et de Jin, mais aussi celle de tout ceux qu'ils croisent. Les personnages qu'ils croisent ne sont pas de simples dessins sur une feuille de papier, ils ont chacun une histoire, des souvenirs, bref, un passé et surtout un avenir. De ces rencontres naîtront des questionnements, des doutes dans nos esprits et dans celui des héros, de nouvelles certitudes, qui seront balayées plus tard... Là encore Samura laisse transparaître son goût pour le spectacle, tout en sachant rester crédible. C'est cet équilibre qui donne toute sa saveur à L'habitant de l'infini. La quête de Manji et Lin est finalement un révélateur, elle confronte cette jeune fille, devenue adulte trop rapidement, à la réalité, à la violence continuelle. Elle montre à cet immortel cynique le chemin qui lui reste à parcourir, et lui donne, en la présence de Lin, une nouvelle chance d'avoir une petite soeur, quelqu'un sur qui veiller.
L'auteur donne aussi de la réalité à son récit en se focalisant sur les sensations des protagonistes. Il porte ainsi une attention particulière aux odeurs (celle du sang, surtout), aux paysages traversés, aux particularités du terrain, aux blessures, mutilations et cicatrices des personnages... Leur environnement devient plus qu'un décor, il joue un rôle actif dans le récit, il décide de l'ambiance de la scène, et participe à l'action. Il vit, en quelque sorte.
Et alors que l'on referme ce troisième tome de L'habitant de l'infini, l'énigme est résolue. Tour à tour haletant, envoûtant, sale, touchant, drôle ou mélancolique, servi par le talent d'un grand dessinateur, ce manga possède surtout une atmosphère, un ton personnel et unique qui en fait une oeuvre d'exception.
Le recit s'ouvre sur un flashback interressant d'anotsu. Manji se bat une nouvelle fois contre la somptueuse Maki : un combat merveilleux tant au niveau du decoupage que du graphisme, l'issue du combat est assez surprenante. Les liens entre Lin et Manji evolue de façons interressante, dorenavant Lin s'entraine pour pouvoir se battre, le face à face Lin Anotsu est d'une tres grande intensité. L'histoire avance et c'est toujours captivant.