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ix ans après ses premières errances gastronomiques, Le gourmet solitaire est de retour dans les rues de Tokyo. Toujours entre deux rendez-vous, il est évidemment affamé. Tiens, une petite gargote sympathique, voyons voir le menu…. Bon appétit !
Titre atypique dont le succès ne s'est jamais démenti (au Japon, l'adaptation TV en est à sa cinquième saison tandis que le premier tome est régulièrement réédité), la création de Masayuki Kusumi et Jirô Tanigushi continue de toucher tant bédéphiles que foodies. Il faut bien l'avouer, la formule mêlant découverte culinaire et culture nippone s'avère particulièrement au point. Le héros ne fait pas que manger et chacune de ses expériences va bien au-delà de ses seules papilles. Les lieux (du grand restaurant à un simple étale de marché), les personnes (cuisiniers, clients) et les ingrédients eux-mêmes sont mis à l'honneur dans chacune de ces petites fables. Armé du même amour pour les terroirs qu'un Yves Camdeborde (Frères de terroirs), Kusumi avance d'un pas feutré, mais décidé, sur la piste de l'émotion provoquée par l'umami suprême.
Au menu de ce nouvel album, une bonne part de spécialités traditionnelles (oden, su-râmen, etc.), mais aussi les versions japonaises de plats internationaux comme la pizza (les amoureux de la cuisine italienne feraient mieux de passer ce chapitre) ou le galbi coréen et, surprise, une escapade parisienne du côté de Barbès pour un bon couscous, auquel il ne manque que du riz pour être parfait, dixit notre Lucullus ! Aux pinceaux, Taniguchi montre ces agapes avec sa précision habituelle. Les extérieurs ne sont pas oublié pour autant, les ruelles et les façades de Tokyo respirent l’authenticité, tandis que l'excursion à Totori permet au dessinateur de rendre un hommage vibrant à sa ville natale.
Ode au bien-manger et à la fragilité de l'instant présent, Les rêveries d'un gourmet solitaire offre une pause(-repas) bienvenue au milieu du brouhaha des villes. À consommer sans modération !
Cette suite est meilleure que le premier livre. Pourquoi? Je ne saurai précisément le dire. Peut être que je me suis habitué aux hésitations du promeneur, peut être aussi qu'il est plus sensible à ce qu'il vit et est devenu ainsi plus attachant, notamment quand il joue au redresseur de tort dans une histoire, où quand il mange goulument (quel plaisir de le voir ainsi!).
Côté dessins et mise en page , rien à dire si ce n'est BRAVO!