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vec Dispersion et L'habitant de l'Infini, Casterman, entame la réédition de plusieurs mangas que la maison d'édition avait plus ou moins laissé en plan depuis la mort de sa première collection "Manga". La naissance de "Sakka" est l'occasion de leur donner une deuxième chance, et on ne va pas s'en plaindre, au vu de la qualité de ces deux oeuvres.
Dispersion est l'histoire d'un lycéen solitaire, différent des autres et ayant le "pouvoir" de disparaître, de se disperser dans l'air. "Pouvoir" entre guillemets, puisqu'il ne semble pas être provoqué mais plutôt subi par Katchan, qui le qualifie de maladie. Une maladie causée par les autres. Katchan, considéré comme un enfant bizarre, se retrouve isolé des autres élèves, qui ne le comprennent pas. Ce rejet de la part de ses camarades est ressenti comme une pression très forte de la part de Katchan, comme une négation de son existence qu'il finit par concrétiser en disparaissant. La seule qui lui ai témoigné amitié et attention, Azumi, est partie lorsqu'ils étaient enfants, ce qu'il considère comme une trahison. Lorsqu'elle revient, il est trop tard. Ses tentatives ne serviront à rien, elle ne peut inverser les choses.
Dispersion aborde de manière touchante et juste le thème du mal-être et même du non-être des adolescents (qui n'est pas propre à cette classe d'âge, mais qui les frappe avec la force de la nouveauté), leur sensation de n'appartenir à aucun groupe, d'être isolé de tous, unique. Celui qui ne fait pas partie d'un groupe n'existe pas. Katchan n'est d'ailleurs pas le seul à éprouver ce sentiment, il le ressent seulement de manière si extrême que celui-ci se réalise, d'une certaine façon, par cette dispersion. Azumi aussi éprouve ce mal-être, c'est pourquoi elle court vers Katchan une fois revenue dans la ville de leur enfance. C'est aussi pourquoi cette autre jeune fille que tout le monde appelle Toilettes Publiques se prend d'affection pour lui lorsqu'il apparaît sous ses yeux. Ils partagent un sentiment commun.
Dispersion n'est pas une simple histoire d'adolescent à pouvoir. Il ne s'agit pas non plus d'une lecture facile mais d'un livre ouvert. Oda ne prend pas son lecteur par la main pour le mener où il le veut, mais le laisse plutôt vagabonder à sa guise, lui donnant une grande liberté d'interprétation et d'imagination. Et au final, ce manga dépend autant de ce que l'auteur apporte que de ce que vous lecteurs, amenez.
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