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Evil Empire 1. Nous, le peuple !

23/02/2016 5065 visiteurs 3.5/10 (2 notes)

R eese Greenwood, star du hip-hop engagé, reçoit la visite d’un des candidats à l’élection présidentielle. Malgré son a priori de tentative de récupération, l’artiste se laisse progressivement séduire par le jeune prétendant à la fonction suprême et ce, d’autant plus, qu’il représente plutôt une figure de stabilité et de normalité dans un pays qui tombe soudain dans la violence. En effet, son adversaire, lors de la cérémonie d’obsèques de son épouse, fait une déclaration, une exhortation même, provoquant le basculement d'une partie de la population dans la folie.

Le pitch avait tout pour plaire : une démocratie occidentale – les États-Unis d’Amérique – qui se transforme en empire du mal. La déception est cruelle malgré une narration non dénuée de qualités. Le scénariste, Max Bémis – leader du groupe rock Say Anything –, alterne entre le présent, les germes de la révolution, et l’avenir du pays, vingt-cinq ans plus tard. Malgré quelques maladresses, sa gestion du rythme et des effets est relativement convaincante. C’est également le cas pour son intention de confronter un artiste à ses idées, chantées haut et fort, prises au pied de la lettre par des personnes qui ne comprennent pas les concepts et les principes derrière les mots et les images. Sauf que ces bonnes dispositions ne sont au service de rien. Le prétexte de ce récit n’est pas crédible. Le propos est totalement gratuit. Tout éclate en un message, celui d’abandonner toute notion de bonté et de générosité, de renoncer à toute morale, tout lien social. Chacun peut faire ce qu’il souhaite, y compris buter un passant parce que sa tête ne lui revient pas.

Ne cherchez pas un soupçon d’analyse sociologique, de notions d’anthropologie ou même de logique (bah oui, il va bien fonctionner, le pays, si tout le monde peut supprimer son prochain). Même dans une nation qui revendique toujours son amour pour les armes à feu et qui s’est bâtie sur une certaine défiance du pouvoir étatique, on ne peut concevoir une déstructuration de la société dans les proportions qui sont imaginées dans cet ouvrage. Il ne s’agit pas de nier que nous ne sommes pas à l’abri de ce qui a enflammé l’Europe dans la première partie de vingtième siècle, surtout au regard de la montée des nationalismes sur le vieux continent (que la mémoire humaine est courte) et de l’intégrisme à travers le monde. Mais, un peu de réalisme, de subtilité et de profondeur auraient été les bienvenus pour créer une politique-fiction un tant soi peu angoissante. En conséquence, il ne reste que les ressorts provenant de l’étalage des bas instincts et de l’amoralité. C’est d'autant plus gênant que l’auteur ne s’embarrasse pas d’idéologie (ou de quelque chose d’un peu construit) : même le nazisme ou l’islamisme radical sont ici clairement rejeté car reposants sur des règles et une morale.

Vous voulez vraiment frissonner devant l’évolution possible du pays chantre de la liberté ? Écoutez plutôt un meeting de Trump ou Cruz.

Par O. Vrignon
Moyenne des chroniqueurs
3.5

Informations sur l'album

Evil Empire
1. Nous, le peuple !

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L'avis des visiteurs

    maeava85 Le 20/02/2016 à 16:50:46

    J'ai littéralement été scotché par cet album qui décrit l'émergence d'un état totalitaire, ou comment la démocratie US (ou autre) peut basculer rapidement. Les personnages sont prenants, le scénario plein de surprises et tout cela est bien servi par le graphisme. Vivement la suite