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n rapace migrateur et apivore, un enfant harcelé à l'école, une librairie familiale au bord du dépôt de bilan, un suicide, une petite fille attentionnée. Tous ces éléments, a priori totalement indépendants, ont pourtant un point commun : Simon Antonisse. Enfant, féru d’ornithologie, il passait son temps entre ses livres et son ami Raoul. Adulte, ayant hérité de la librairie de son père, il a du mal à se résoudre à la vendre. Être témoin d'un drame va faire ressortir des souvenirs enfouis et l'amener à reconsidérer la direction donnée à sa vie.
Une couverture intrigante, une pagination conséquente, un noir et blanc expressif... le second titre traduit en langue française d'Aimée de Jongh est radicalement différent de sa production précédente ou de son travail dans l'animation. Sur deux lignes temporelles, elle développe un récit psychologique fort qui embarque le lecteur dans les méandres des angoisses de Simon, son héros. Ballotté entre ses souvenirs et l'incertitude de son futur, il perd peu à peu ses repères et les questions se bousculent dans sa tête. Refaire surface ou lâcher prise ? Avec intelligence, la scénariste varie le rythme, ponctuant sa narration de silences qui mettent en avant l'errance et le glissement de son personnage vers une probable dépression.
Un découpage efficace permet à la dessinatrice d'accentuer les moments de réflexion comme les passages hallucinatoires. Les effets de lumière, mis en valeur par un encrage judicieusement utilisé, soulignent encore le côté introspectif et angoissant du cheminement du protagoniste. Par moments, cette utilisation maîtrisée du noir et blanc n'est pas sans rappeler les auteurs indépendants US ou, plus proche de la production Franco-Belge, Frederik Peeters et son Lupus. À la manière de l'auteur suisse, la dessinatrice joue de planches sans texte et de gros plans plein d'expressivité pour offrir à son récit une respiration contemplative bienvenue.
Avec Le Retour de la Bondrée, Aimée de Jongh dévoile une autre facette intéressante de son talent multiforme. Elle signe une œuvre forte, immersive et très bien construite sur fond de drame psychologique. La petite lucarne ne s'y est d'ailleurs pas trompée puisque cette histoire va être adaptée pour la télévision en 2017.
J’aime bien ce genre de récit quand c’est bien construit et c’est bien le cas en l’espèce. Nous suivons le parcours d’un homme qui ne souhaite pas vendre sa librairie héritée de ses parents alors qu’il est au bord de la faillite. Il faut dire que le marché du livre s’est effondré depuis l’arrivée d’internet et de toutes les nouvelles technologies numériques.
On le retrouve également avec de nombreux flash-back dans le passé où il a vécu une douloureuse histoire avec son meilleur ami harcelé à l’école. Cela s’est mal terminé et il s’en veut énormément. Bref, il a toutes les peines du monde. Je préfère nettement ce genre de récit introspectif qui reflète la réalité plutôt que la grosse dose de tous ces super-héros qui pullulent sur le marché. Mais bon, il ne faut pas tout mélanger.
On fera également connaissance avec la Bondrée qui possède une bonne philosophie de vie pour tout recommencer. Faire table rase du passé et avancer. Bref, un album comme je les aime avec d’ailleurs un très joli trait graphique. Une réussite pour une première par une auteure néerlandaise.
Et bien si quelqu'un a compris l'intérêt de cet album, qu'il n'hésite pas à le dire !
Encore une énième histoire en 150 pages, soit l'équivalent de 3 tomes d'une BD classique. C'est un peu court, je trouve, même s'il y a un effort pour développer le personnage...
Mais enfin, entre le nom bizarre de l'album, et l'histoire semée d'embuches (pour les lecteurs, que le scénariste- dessinateur prend un peu pour des idiots), difficile de ressortir satisfait de cet album.
Le dessin est correct, sans plus, mais lisible.
Les atmosphères sont correctement rendues.
Mais si l'histoire comporte un rebondissement (à la "6ème sens" avec bruce Willis, mais pas aussi surprenant quand même), on se demande à quoi il a servi.
Car au final, le personnage principal va d'un point A... à un point A.
On ressort juste déprimé devant le renoncement de ce loser à reprendre sa vie en main, à ne pas laisser sa librairie familiale faire faillite, alors qu'il dispose de solutions.
et l'histoire en flash-back, je n'y ai pas trop cru, cet ado qui laisse son pote se faire tabasser... mouais...
pareil pour la compassion qu'on essaye de nous faire avoir pour ces 2 bourreaux ados, qui "devront vivre avec la mort d'un camarade qu'ils ont supplicié pendant des semaines".
honnêtement, un ado sait très bien ce qu'il fait ; ce sont des crapules, et je n'ai aucune compassion pour eux, pour ce qui leur arrive.
Bref, ça plaira peut-être aux lecteurs de télérama et des inrocks, mais pas aux vrais amateurs de BD.