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lors que l'avion amorce sa descente sur Lyon, un homme se réveille brusquement, complètement amnésique ! Son passeport l'informe qu'il se nomme Étienne Rambert. Aidé par Violette, une hôtesse de l'air/étudiante en sociologie, il va tenter de remonter le fil de son existence.
Dans son œuvre, qu'il s'agisse d'humour avec Jean-Claude Tergal ou de récits sérieux tels que Le fils du yéti, Didier Tronchet s'est régulièrement penché sur le passé et les racines de ses personnages, le plus souvent en mode pseudo-biographique. L'homme qui ne disait jamais non va un peu plus loin en posant la question suivante : peut-on faire fi de ses origines et vivre vraiment librement ? Pendant plus de cent-cinquante pages, tel Jason MacLane, Étienne Rambert replonge un peu malgré lui dans sa vie. Ce dernier, un individu à la personnalité transparente et sans grand charisme, est aidé et motivé dans sa quête par Violette, qui voit en lui un excellent sujet de thèse. Le coup de foudre n'est pas loin, mais les choses se compliquent rapidement quand des incidents troublants sont mis à nu par le duo.
Oscillant entre enquête et échanges vaguement philosophiques, le scénario s'étire et s'étire toujours plus à en devenir quasiment soporifique. Si le héros joue parfaitement son rôle de fil conducteur (on se demande néanmoins pourquoi il ne va jamais voir un médecin à propos de son état de santé), sa comparse est plus ambiguë et, finalement, très mal définie : bonne samaritaine un instant, elle va le dénoncer à la police peu après, puis l'abandonner à son sort, avant d'aller le rejoindre de l'autre côté de la planète, etc. Résultat, la multiplication de longues scènes de dialogues fait que l'histoire s'enlise dans un non-rythme lassant et, pire encore, finit par être anecdotique.
Aux pinceaux, Olivier Balez fait ce qu'il peut pour exister au milieu de ces logorrhées omniprésentes. Heureusement, il s'en sort à peu près bien grâce à son trait élégant et une science certaine de la mise en page. Çà et là, au milieu du découpage très dense, surgissent quelques trop rares grandes compositions qui ne peuvent qu'apporter des regrets au lecteur ; le dessinateur a visiblement manqué d'espace pour vraiment s'exprimer. Au final, L'homme qui ne disait jamais non déçoit à cause de son contenu brouillon. C'est vraiment dommage, car le style réaliste, extrêmement léché et agréablement mis en couleurs, s'avère parfaitement en place et des plus esthétiques.
Parfois dans la vie, il faut savoir dire non. Autrement, on peut finir comme cet homme qui ne disait jamais non et qui se retrouve accusé du meurtre de son épouse avec son chien en prime. Ce choc psychologique assez terrible a provoqué une amnésie à la Jason Bourne.
Fort heureusement, il va recevoir l'aide d'une hôtesse de l'air, Violette, qui joue au profiler et qui en profite pour en faire son sujet de thèse. Nous voilà embarqué de Paris à Quito en Equateur où l'auteur Didier Tranchet vient de passer plusieurs années, en témoigne sa précédente oeuvre Vertiges de Quito.
Pour le reste, c'est bien dessiné et c'est plutôt divertissant. Je regrette simplement l'incohérence de certaines situations. De manière générale, c'est assez bien pensé mais pas assez bien construit dans la mise en scène. La moralité de tout cela est qu'il faut savoir dire non avant que cela nous détruise.
Une énième fable contemporaine sur l’amnésie...
La lecture est rafraichissante, l’ensemble est assez bien ficelé mais le défaut récurrent de ce genre de fantaisie est toujours le même : il est impossible de croire une seconde à cette histoire abracadabrantesque, encore moins à ces personnages vaudevillesques et gentiment caricaturaux.
Bien sûr, on est censé être dans le second degré cher à Tronchet mais ça ne saute pas forcément aux yeux. Ce n’est ni vraiment drôle ni suffisamment caustique. Au contraire j’ai plutôt eu l’impression que tout a été écrit et dessiné un peu trop sérieusement.
Au final ce récit de l’affranchissement tardif d’un fils à papa immature m’a semblé manquer d’à-propos et de sensibilité. Sur le même thème « La page blanche » de Pénélope Bagieu, par exemple, s’en sort mieux.
J'ai été totalement pris dans l'histoire du début à la fin. On suit avec envie et questionnement Etienne qui essaye avec l'aide de Violette de retrouver la mémoire. On est tellement absorbée par l'histoire et l'univers, qu'on a presque plus envie que lui de savoir ce qu'il c'est passé. On s'identifie très facilement aux personnages et notamment à Etienne; on se voit et on s'imagine à sa place. Le dessin et les décors sont simples mais très efficaces pour nous emmener à l'essentiel. Les petites touches d'humour qu'apporte l'auteur ne font que renforcer ce sentiment de simplicité et d'humanité. Plus l'histoire avance et plus elle s'assombrit pour nous emmener vers une fin dont on ne s'attend pas. Bref, un album simple mais diablement efficace qui nous tient en haleine jusqu'à la fin.