M
onsieur Hubert hante les allées des musées royaux des Beaux-Arts de Belgique et passe de longues heures à contempler les œuvres des grands maîtres dont il reproduit méticuleusement certains détails lorsqu'il se retrouve, seul, dans son anonyme intérieur….
Hubert est de ces albums qui demandent de l’implication pour en saisir la portée.
Utilisant abusivement, mais à dessein, le gaufrier à 9 cases, Ben Gijsemans rythme, par cette monotone géométrie, son album et, au-delà, la vie de son héros. Exercice de style, sur une existence qui ne prend sens qu’à travers la peinture, Hubert s’attache à la vacuité du quotidien, à ces petits riens qui finissent par faire une vie. Monsieur Hubert est un homme plus qu’ordinaire qui, le soir venu - grâce à ses tableaux -, s’ouvre de petites fenêtres sur d'autres mondes dont il est le démiurge copiste. Seul et mutique, il coule des jours d’un ennui déconcertant, se refusant même à goûter aux charmes d’une voisine aux airs d’Olympia, pour mieux se consacrer à la troublante inutilité de son art.
D'un attrait graphique certain et très intelligemment construit, Hubert reste trop conceptuel pour pouvoir franchir un premier cercle d'initiés.
Un album qui sort des sentiers battus pour de nombreuses raisons :
- La qualité des dessins et des reproductions d'art de ce jeune dessinateur Belge.
- L'intrigue qui se déroule doucement, sana accrocs, des moments de vie.
- Le "héros" de l'histoire qui n'en est pas un, justement, mais un homme placide, un esthète de l'Art.