C
es équinoxes sont avant tout un très beau livre, d’un dessinateur qui se fait plaisir. D’une saison à l’autre, il varie le style, joue avec le trait et les couleurs pour composer des ambiances qui se différencient mais continuent à former un ensemble cohérent. Invariablement, il se dégage de ces planches contrastées une impression de douceur, d’intimité qui s’accorde à merveille avec une histoire qui repose sur les sentiments humains. L’incursion de textes en pleine page et d’images totalement muettes apporte aussi une respiration bienvenue, sans toutefois briser le rythme d’un récit à la construction régulière, maîtrisée.
Bref, formellement, l’album a été pensé et exécuté avec une grande minutie, pour un résultat qui ne dépareille pas dans la bibliographie de l’auteur. Cyril Pedrosa, depuis qu’il œuvre en solo, s’est effectivement toujours efforcé d’instiller une grande et belle humanité dans ses histoires, plaçant l’homme et la femme au cœur de son propos.
Dans le cas présent, il en ressort pourtant comme une frustration, celle de ne pas très bien voir où l’auteur a voulu en venir. À force de jouer sur la corde sensible, il est parfois à deux doigts de tomber dans le mièvre, principalement dans ses longs textes qui, bien écrits, n’en sont pas moins caricaturaux par endroits. De même, le fait de passer sans cesse d’un personnage à l’autre est déroutant. Non pas que le procédé en soi puisse être contesté, mais il met en exergue le peu d’attachement ressenti pour des acteurs qui ne sont pas toujours totalement habités par leur rôle.
Au final, le principal reproche qui pourra être adressé aux équinoxes de Pedrosa est leur manque de substance. Un comble pour un livre si volumineux. Il est vrai que tout est en suggestion, avec des résonances qui s’installent habilement d’un bout à l’autre, mais il aurait sûrement fallu des personnages mieux approfondis pour s’en faire l’écho.
Le dessin est tendre et plein de sensibilité, l'histoire pleine d'humanité, mais qu'est ce que je me suis fait ch...
C'est un gros pavé qui fait peur à première vue (336 pages exactement). Il faut dire que cette œuvre a fait l'objet d'une édition très soignée et plutôt exceptionnelle. Le récit est centré sur des personnages multiples avec pour thème le temps qui passe. Il y a également des intermèdes au gré des 4 saisons composés de récits avec un petit indien.
Je n'aime pas trop le trait gras qui me paraît flou et imparfait. Quant au récit, il n'a rien de réellement transcendant. Certes, la critique unanime salue les performances de cet auteur dont le récit est soi-disant ambitieux. Je ne vois pas le talent dans la construction ou dans le graphisme. Je me suis ennuyé ferme. Les équinoxes m'ont laissé un vide mélancolique immense.
J'ai découvert Pedrosa grâce au sublissime Portugal. Subjuguée par l'esthétique du roman graphique, je me suis très vite laissée tenter par L'âge d'or qui lui aussi m'a beaucoup plu. Lorsque je suis tombée sur Les Équinoxes à ma médiathèque, j'avoue avoir eu un petit moment d'hésitation face à la grosseur du livre mais pour Cyril Pedrosa je suis presque prête à tout.
Dans ce roman graphique, Pedrosa recueille des petits moments de la vie, des anecdotes, des situations. Il se penche sur la vie quotidienne, décortique les sentiments de ses personnages et à la manière d'un sociologue, nous livre des histoires frappantes, remplies de sensibilité et qui forcément nous touchent. Au fil des saisons, les personnages évoluent, leur sentiment aussi. AU centre de toute cette BD, la solitude. Cette dernière emplit totalement l'oeuvre, cette sensation est distillée et disséquée. De façon intelligente, l'auteur nous montre différentes sortes de solitude.
Mais, Cyril Pedrosa n'est pas seulement un très bon scénariste, c'est également un vrai artiste. Ainsi, il mélange deux styles graphiques. L'un se rapproche plus du style de Portugal avec des traits fins et délicats et des couleurs poétiques et l'autre qui se rapproche plus de L'âge d'or avec des traits plus épais et des couleurs vives. La colorisation est d'ailleurs faite de façon extrêmement intelligente. La palette évolue au fil des saisons. Les couleurs froides envahissent l'hiver, les tons orangés et marrons se mêlent à l'automne, le jaune explose en plein été et le printemps nous livre des verts tendres. On en prend plein les mirettes, c'est beau à vous faire tomber par terre. C'est un tableau magnifique!
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J'ai beaucoup aimé. Je ne connaissais que Portugal de Pedrosa, j'avais trouvé les dessins et la mise en couleurs magnifiques, mais l'histoire m'avait finalement assez peu touché, j'avais donc un peu peur d'être déçu par ces "Équinoxes".
Ici on retrouve le même style et un peu le même type d'ambiances (des instants de vie), mais je me suis laissé guidé, lentement par ces moments, et j'ai vraiment été touché par les dernières planches ( les 2 planches en gaufrier ), le lien avec le petit "sauvage" et les différents personnages prend tout son sens et j'ai trouvé ça très beau. Pedrosa nous parle entre autre de vanité de la vie, de la perte d'un proche, de transmission, mais tout ça sans pathos, avec sobriété. Seul bémol, la photographe et les "textes" peuvent s'avérer être un "truc" assez lassant sur le long terme, mais l'ensemble est tout de même, selon moi, vraiment très réussi.
Proust sans les madeleines - Équinoxe est un bel exercice de style graphique, mais dont les longues longueurs ne sont certainement pas rachetées par le manque de substance des personnages. Une fois le tome refermé sur sa 330e page, on se demande : "alors ? ai-je bien fait de sacrifier trois heures à décortiquer les méandres de cette chronique sociale ?" À chacun d'y répondre...