Alix Senator 4. Les Démons de Sparte

E mmené par Marcus Atilius, un convoi romain est attaqué à son retour de Delphes. Aucun survivant n'est retrouvé et son chargement, les livres sibyllins, compilations d'Oracles d'Apollon, a disparu. Pour l'empereur Auguste, pas de doute, cette attaque a été fomentée par Euryclès et les Spartiates. Dépêché sur place, le sénateur Alix Graccus devra tirer cette affaire au clair et rapporter les textes au temple Palatin à Rome. Accompagné de ses fils, Titus et Khephren, et de Xanthos, son serviteur, il est accueilli à Athènes par une vieille connaissance, Numa Sudalus...

Après un premier cycle maîtrisé et prometteur, Valérie Mangin propose un nouveau scénario riche en rebondissements. Intrigues politiques, complots familiaux et action sont savamment dosés pour maintenir le lecteur en haleine. Sa parfaite connaissance de la série mère permet à l'ancienne élève de l'École des Chartes de puiser à loisir dans les personnages créés par Jacques Martin. Aussi, après Enak, ce sont notamment Numa Sudalus et Héraklion qui (re)croisent la route d'Alix. Pour eux aussi, le temps a passé. On retrouve le premier vieilli et son statut changé. Quant au second, il est désormais un homme. L'utilisation qu'en fait la scénariste, à la fois intelligente et respectueuse de l’œuvre originelle, rend accessible la série aux nouveaux lecteurs tout en distillant des clins d’œil qui n'échapperont pas aux fans de la première heure. Elle n'en oublie pas néanmoins d'intégrer et d'étoffer les nouveaux protagonistes : les enfants, Titus et Khephren, comme les adultes, Livie et Auguste.

Côté dessin, Thierry Démarez, par son trait réaliste, peut-être légèrement moins précis par moments, offre une prestation de haute volée. Architecture grecque ou romaine, scènes de combat, de nuit ou de jour, plans en plongée ou contre-plongée, c'est un véritable récital qui est servi au lecteur. Le découpage souvent classique mais toujours efficace renforce la lisibilité des planches. Les décors détaillés comme le travail de Fabien Alquier aux couleurs et sa gestion de la lumière rehaussent encore le travail du dessinateur.

Avec cet album, les auteurs démontrent à nouveau tout leur savoir-faire. Par un récit à l'intrigue solide et aux références historiques fouillées, ils prouvent à ceux qui en doutaient encore que le pari (osé) d'Alix Senator va bien au-delà de la simple reprise. Et ils donnent rendez-vous aux lecteurs pour le tome 5, Le Hurlement de Cybèle.