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bandonné par ses compagnons, Hâsib, un jeune bûcheron, se retrouve seul dans la forêt. En cherchant son chemin, il rencontre la Reine des serpents. Celle-ci va lui montrer la voie vers une aventure aussi fantastique qu'extraordinaire.
David B. raconte un épisode des Mille et Une nuits : l'association est inédite, mais elle tombe immédiatement sous le sens. En effet, l'univers merveilleux et parfois angoissant du créateur des Incidents de la nuit semble avoir été taillé sur mesure pour illustrer la prose de Shéhérazade ! Oscillant entre magie, mysticisme et fable traditionnelle, le scénariste narre un incroyable conte à tiroirs dans lequel les récits s'entremêlent et se poursuivent sans relâche. Il y est question de quête initiatrice, d'artefact mystérieux, de prophètes (ceux d'hier, d'aujourd'hui et de demain), sans oublier un soupçon de mythologie, aussi bien orientale qu'occidentale. La scénario s'avère foisonnant, grouillant de détails et de références, mais reste parfaitement clair. Derrière les enchantements se cache un impressionnant travail de construction qui rend la lecture limpide et passionnante.
Graphiquement, le résultat est tout simplement somptueux. Le dessinateur immerge littéralement le lecteur dans un océan narratif envoûtant. Chaque page permet de découvrir un bestiaire fantasmagorique peuplé de djinns fraîchement sortis de leurs bouteilles, de diablotins échappés de quelques œuvres de Hieronymous Bosch et d'incroyables scènes de bagarres générales. Certes, David B. récite ses gammes et puise largement dans ses œuvres passées (les mises en pages « enveloppantes », par exemple), mais il le fait avec un talent et une telle maîtrise que le lecteur se retrouve ensorcelé et transporté quelque part entre Bagdad et Mer d'Arabie.
Le dessin est très classe et magnifiquement coloré. Malheureusement, l'histoire est assez confuse. Comme en plus la narration est un peu lourde, j'ai eu du mal à vraiment accrocher. Dommage, car graphiquement cet album est superbe.