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raiter l'histoire du christianisme sous l'angle politique, c'est l'immense projet dans lequel Olivier Bobineau et Pascal Magnat se sont engagés. Le premier tome (sur trois de prévus), évidemment intitulé La Genèse, se concentre sur le premier millénaire de l'Eglise chrétienne. Des débuts balbutiants où le dogme est encore fluctuant, tandis que les derniers empereurs romains hésitent entre persécution et tolérance, à la définition des textes sacrés et la création des institutions (la papauté, les ordres monastiques, etc.), la marche vers la lumière se révèle être une véritable saga remplie de traîtrises machiavéliques, de coups fourrés sanglants et, plus globalement, de realpolitik sordide et étincelante.
Évidemment, vu la richesse du matériel de départ, Bobineau a dû faire des choix drastiques et adapter son discours savant à la bande dessinée. Le résultat est dense, très dense. Si le fil rouge est globalement bien tenu (de toute façon, peu seront capables de discuter tel ou tel point de détail liturgique soulevé par l’évêque d'Antioche au IVe siècle), la narration s'avère lourde et souvent mécanique. À sa décharge, le scénariste n'est pas beaucoup aidé par son dessinateur. En effet, le trait très rapidement limité de Magnat peine à vraiment accompagner le récit ; n'est pas David B. (Les meilleurs ennemis) qui veut.
Heureusement, il reste le contenu. L'adage « la réalité dépasse la fiction » n'a jamais aussi bien souligné la vérité : pas de miracle ou d'angelots potelés dans L'Empire, juste une gigantesque machine de pouvoir broyant opposants et alliés dans un seul but : la suprématie sur les hommes, autant sur Terre que dans les Cieux. Dommage que la lecture de cette somme de connaissances à la construction chancelante ressemble davantage au Purgatoire qu'au Paradis.
Il est vrai que j'ai plutôt été impressionné par ce travail titanesque de la part de l'auteur qui réussit à nous raconter l'histoire de l'une des plus importantes religion au monde. Il est vrai que nos sociétés européennes vivent selon ce modèle judéo-chrétien.
Par contre, c'est très bavard et presque encyclopédique. Il faut en effet s'intéresser par exemple à la crise ignatienne de 847 à 858 qui peut chambouler nos existences. On retiendra surtout le match entre l'église romaine d'Occident représenté par Rome et l'église d'Orient orthodoxe représenté par Byzance.
J'avoue avoir retenu quand même certaines idées dans ce fatras qui pourra servir de références à beaucoup de théologiens que l'on soit d'ailleurs croyant ou pas. Mais bon, cela ne sera pas mon livre de chevet.
Oyez oyez bonnes gens, il serait temps de couper vos télévisions, ces déverseuses de mensonges, ces laveuses de cerveau dont la seule fonction est de nous rendre obéissant et soumis.
Réveillez vous, il est temps de ré ouvrir des livres, de ceux qui nous apprennent l'histoire, la vraie, comme celui ci et de se ré approprier son identité par la curiosité active de la lecture.
Ce livre devrait être remboursé par la sécu.