C
lodo
Crevard
Épave
Hobo
Mendiant
Crève-la-faim
Sac à vin
Sans-abri
Sans domicile fixe
Schlag
Traîne-savates
Vagabond
Va-nu-pieds
Zonard
…
Finalement, ça sera Borb.
Jason Little laisse de côté l'espiègle Bee pour raconter dans toute son horreur l'existence de Borb, un pauvre gars tombé dans la déchéance la plus totale. Autant le dire tout de suite : l'histoire commence mal, se développe abominablement et s'achève tragiquement. Les récits puisant dans la misère sociale sont légion, il s'agit souvent de fables qui finissent bien mettant en avant la force de caractère de héros triomphants face à l'adversité. Borb ne joue pas dans cette catégorie, et se révèle un véritable brûlot brut de décoffrage n'offrant aucun répit au lecteur. La liste sans fin des addictions et des avanies subies par le personnage principal peut choquer, c'est d'ailleurs sans doute un des buts de l'ouvrage. Par contre, l'auteur ne cherche pas pour autant la leçon de morale, il montre simplement ce que la majorité feint de remarquer. De plus, par un joli tour de force scénaristique, il réussit même à créer de l'empathie pour son irrécupérable créature.
En mêlant exercice de style formel et colère sincère face à l’indifférence, Little réalise un conte moderne atroce. Personne n'aimera Borb pour ce qu'il représente mais, avec un peu de chance, les regards seront moins accusateurs.
L'homme sans abri n'a décidément pas la vie facile. C'est souvent sombre, cruel et sordide comme pour rappeler le manque d'humanité de la plupart de nos congénères. Ainsi va le monde ainsi que cette société qui isole certains êtres qui se débattent pour survivre. A côté de cela, nous avons le patron de M6 qui déclare que son salaire de 1.4 millions d'euros par an, ce n'est pas énorme ! Oui, quel triste monde. Faudrait sans doute qu'il lise d'urgence Borb afin de relativiser ou simplement de comprendre que cela ne va pas mieux pour beaucoup de gens qui sont dans la précarité.