"Ici, il vaut mieux pas se faire remarquer..."
Dès la première semaine de rentrée dans son nouveau collège, Laura attire l'attention de toute sa classe en rendant une rédaction sur ses vacances dans un camp naturiste. Ce sera suffisant pour en faire la prochaine tête de turc du bahut. Laura se réfugie dans les souvenirs agréables du dernier mois d’août : l'arrivée au camp, les corps de ses amis qui ont changé, les vagues...
Même si elle constitue un volet introductif et reste en trame de fond, la violence scolaire n'est pas le principal sujet de ce deuxième album d'Elise Griffon. La dessinatrice plonge avec plaisir dans la nostalgie d'un bel été 1990, sur un modèle de séjour plutôt atypique, incompris et souvent moqué. Avec délicatesse, elle décrit cette saison qui marque pour Laura un passage entre l'enfance et l'adolescence. Ce moment où les corps changent (le sien et la vision qu'elle a sur celui des autres), où la nudité, de naturelle, devient motif de désir et de gêne.
Ocres, verts, bleus pâles, le choix d'une colorisation terne, loin de plomber l'ambiance estivale, accentue ce côté nostalgique du récit et offre une douceur très particulière à la violence qui entoure Laura. La jeune fille semble plongée dans un rêve ouaté et doux qui la protège des agressions extérieures.
Un traitement tout en sensibilité et nuances, léger et agréable d'un sujet pourtant douloureux, juste à temps pour l'entrée dans les frimas automnaux.
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