L
oin des rêves d’exploits martiaux, l’apprentissage de Mikédi se poursuit au Palais des saveurs. Le jeune homme va y apprendre la cuisine et surtout l’humilité, puisqu’il commencera au bas de l’échelle à nettoyer cuisines et lieux d’aisance, à faire la plonge et éplucher les légumes. Durant son séjour, il va découvrir le plaisir des relations charnelles avec une jolie souillon dégourdie. Au bout de deux ans, au retour de son maître, il sera confronté au premier dilemme qu’implique la volonté de suivre la voie du sabre.
Mathieu Mariolle poursuit son adaptation de l’œuvre de Thomas Day. Il décrit un parcours initiatique dans un Japon médiéval et fantastique, où la formation de guerrier passe avant tout par celle de l’homme. L’apprenti doit éveiller ses sens et s’ouvrir à la vie, afin de comprendre les devoirs du combattant et les choix et les renoncements qu’implique cette vocation. La narration est dense, empreinte de l’esprit du Bouddhisme Zen et de celui du code Bushidō, et s’appuie sur une relation maître/élève décrite avec beaucoup de subtilité. L’alternance avec les séquences d’action et l’utilisation d’une voix off qui permet d’instaurer une proximité avec le personnage central font que l’intérêt du lecteur est constamment relancé.
Le plaisir ne serait pas ce qu’il est sans un graphisme approprié pour donner corps aux émotions et atmosphères. Le trait réaliste de Federico Ferniani fait merveille pour insuffler de la vie, que cela soit à travers des décors foisonnant de détails et immersifs, ou des scènes de combat superbement chorégraphiées où puissance et violence éclatent. Les cadrages et la mise en scène sont remarquables de dynamisme, le dessinateur s’affranchissant régulièrement de la structure « habituelle » des planches. La colorisation de Luca Saponti, élégante et d’une grande variété, vient souligner les différentes ambiances et sensations d’une aventure haute en couleur.
Dense, bien écrit et visuellement impactant, ce second tome séduit et se termine sur une promesse de tension alléchante.
Une première moitié d’album formidable ou Mikédi s’ouvre aux plaisirs de la vie. La seconde partie qui traite de la formation comme guerrier m’a un peu interloqué par une grande confusion dans les images. Elles sont toujours bien dessinées, il s’agit uniquement d’une impression… J’ai trouvé certaines pages de cette deuxième partie très dynamiques mais trop chargées. L’album dans son ensemble m’a quand même plu et le troisième tome qui sort au mois de mai, quatre ans après le tome 2, est très attendu.
J'ai pris bcp de plaisir à lire ces deux premiers albums. Tout d'abord pour l'état d'esprit de cette bande dessinée parfois un peu lente, voir langoureuse: atmosphère japonisante réussie. Ensuite, lorsque cela bouge, ça bouge vraiment et sans chichis. Enfin, le scenario est à la hauteur : j'ai toujours aimé les histoires de rite initiatique, celle-là est à conseiller aux amateurs.