V
oici une enquête qui ne devrait pas poser beaucoup de problèmes au commissaire Bec, la star du Quai des Orfèvres. Une femme a été défenestrée et retrouvée morte dans la cour de son immeuble. Son mari, un inspecteur de la brigade des mœurs, est persuadé qu’elle a été agressée par un vieux clochard vivant au pied de la résidence et qui lui faisait du gringue. Les soupçons se renforcent rapidement quand on apprend qu’un receleur a été contacté par le suspect pour lui fourguer les bijoux de la défunte. Mais tout cela semble trop limpide pour Bec, d’autant plus que les habitants de l’immeuble, pourtant tous présents le soir du drame, n’ont rien vu ni entendu.
Après trois tomes de très bon niveau, pas de raison de modifier une formule qui fonctionne. Herik Hanna poursuit son hommage aux récits policiers « old school ». Le scénariste excelle pour tisser une intrigue plaisante faite de faux-semblants, installer une atmosphère lourde de suspicion et agrémenter le tout de dialogues savoureux. Il est cette fois accompagné par Thomas Labourot qui livre des planches fluides et capables de donner corps aux ambiances, avec des protagonistes qui ont de vraies trognes. L’unité visuelle de la série est maintenue par la colorisation de Lou, de nouveau excellente .
L’ensemble est de bonne facture, mais peut-être moins haletant que les opus précédents. En cause, un déroulement assez linéaire et une intrigue un peu moins dense. Toutefois, le divertissement reste de qualité.
J’ai bien apprécié l’album mais plus pour l’ambiance que pour l’histoire.
Si celle-ci se tient, tendant vers du Simenon, quelque chose de plus classique et refermé sur la cour d’un immeuble, il n’y a pas de grandes surprises et pas mal de trucs paraissent vains tant on se doute de choses dès le début – pas tout mais les principales.
C’est donc l’ambiance qui prime, grâce aux dessins des décors et surtout aux couleurs. Les personnages, bien que d’un joli tracé, ne sont pas particulièrement marquant, mais la reconstitution architecturale et les accessoires nous mettent bien dans cet immeuble, ce café, ce commissariat…
Il y a également, par les dialogues, le caractère du commissaire qui est très réussi. Il est à part et agréable à suivre.
On se laisse donc emmener avec plaisir pour lui et les décors dans cette histoire bien menée, cohérente, logique, satisfaisante mais sans énorme surprise.
Un peu déçu par le scénario, qui ce coup-ci révèle moins de surprises, avec une enquête finalement assez simple. Le dessin, parfaitement maîtrisé, vient toutefois sauver cet album, qui pour moi ne figure pas dans les meilleurs tomes de la série, malgré la présence du taciturne et opiniâtre commissaire Bec, qui est un personnage sympathique.
Une bonne enquête classique, à la française.
On s'attache rapidement à l'inspecteur Bec.
Bravo à Labourot pour les dessins et à Lou pour les couleurs.