D
eux hommes se défient autour d’un échiquier. Une partie aux allures de métaphore, comme si l’existence de tout un chacun pouvait se résumer à soixante-quatre petites cases noires ou blanches.
Si Le joueur d’échecs se veut une adaptation libre de la nouvelle de Stefan Zweig, il convient de noter que les libertés prises avec l’œuvre originelle relèvent plus de l’adaptation que de la transgression. La seule entorse au récit prend la forme d’une jeune femme, Emma, fil rouge du récit. Elle confère à l’ensemble une note de légèreté et d’insouciance qui allège singulièrement une histoire quelque peu névrotique dans la mesure où Thomas Humeau arrive à transposer par son dessin ce que Zweig dépeignait avec ses mots : les affres de l’angoisse, l’abîme de la folie, la vacuité de l’apatridie, la torture morale que représente l’existence du nazisme.
Huis clos échiquéen fort improbable au graphique surréaliste et aux couleurs faussement naïves, Le joueur d'échecs stigmatise l’ambiguïté d’un monde où se confrontent l’exaltation à créer et la froideur méthodique à éliminer.
L'auteur Thomas Humeau a librement adapté le dernier roman de l'écrivain autrichien Stefan Zweig avant son décès. Le résultat est plutôt remarquable. Il est en effet question d'un champion d'échecs qui se retrouve sur une croisière d'un paquebot transatlantique en 1947. Il va devoir affronter un illustre inconnu qui réussit à le mettre en échec au milieu de la haute bourgeoisie et des journalistes.
Comment cet inconnu a pu réussir à battre le champion du monde ? Quel est le secret qu'il cache ? On aura les réponses et elles seront d'une grande brutalité dans l'explication. Certes, les nazis ne sont pas loin et la folie non plus. On sera néanmoins captivé de bout en bout. Pourtant, la fin ne m'a pas trop convaincu. Je m'attendais sans doute à autre chose.
On sera assez loin de la BD typiquement commerciale. J'invite les lecteurs à découvrir ce joueur d'échecs pas comme les autres. A vous de jouer !