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ake travaille sur Wall Street, mais il n'est pas dupe pour autant. Il sait qu'il nage dans des eaux troubles et, mieux que ça, il perçoit réellement la vraie nature des requins de la finance. Pour survivre, il s'en remet à ses médicaments. Deux cachets devraient suffire pour tenir la journée. Et pour la nuit ? On verra bien. Au pire, il y a toujours « Le marcheur » pour lui tenir compagnie.
Attention ! En ouvrant The Golden Boy, le bédéphile entre dans un univers déjanté et violent où les dés de la réalité sont pipés par deux auteurs carburant à un délire qui titre à 100°. Zombies (c'est à la mode), tueur en série, anges déchus, un peu de vaudou et un taille-haie sanguinolent, Antoine Ozanam et Kieran foncent têtes baissées et dézinguent la société avec avidité. Clins d’œil et références à la pop-culture fusent, tandis que les répliques assassines claquent à la vitesse de l'éclair. Pas de doute, le scénariste et le dessinateur – les deux en grande forme – se sont fait plaisir en s’affranchissant de toute forme de censure. D'ailleurs, on ne peut que remercier la revue et les éditions AAARG ! d'avoir offert ce terrain de jeu éditorial aux artistes.
La liberté, c'est bien, mais encore faut-il en faire quelque chose de concret. Techniquement, pas de problème, le scénario d'Ozanam tient parfaitement la route. Les événements s'enchaînent sans à-coup notable (enfin, on se comprend) et les personnages sont bien pensés. Graphiquement, Kieran est également au point et sa mise en scène est évidemment audacieuse, mais toujours maîtrisée et lisible. Par contre, sous le vernis extravagant et les métaphores hallucinées, le fond de l'histoire s'avère un peu mince. Est-ce vraiment grave ? Cela dépendra surtout des attentes de chaque lecteur. En attendant, The Golden Boy est jouissif et visuellement saisissant.
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