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rance, 1940. Alors que les forces allemandes fondent sur Paris, le gouvernement de Paul Reynaud est obligé de quitter la capitale. Au sein du cabinet, deux camps s'affrontent : d'un côté, une fraction menée par le Maréchal Pétain est favorable à un armistice pour limiter les dommages et de l'autre, avec à leur tête le président du Conseil, un groupe de ministres veut au contraire continuer la lutte. Après un vote serré, c'est cette seconde voie qui est choisie et Pétain est immédiatement démis de ses fonctions. Il ne reste plus qu'à communiquer cette nouvelle à la Nation avant de se replier dans le Sud, en Algérie, pour organiser la résistance.
Uchronie réaliste, Et si la France avait continué la guerre est à l'origine un essai-fiction de Jacques Sapir, Frank Stora et Loïc Mahé. Spécialiste du genre avec des titres comme USA über alles et Jour J, Jean-Pierre Pécau adapte ce récit en bande dessinée. Le scénario suit les événements « historiques » au plus près par l'entremise d'un trio de héros de circonstance. En pleine débâcle, Yvon, le patriote, Jules la tête brûlée et Marianne la délurée se retrouvent porteurs de la missive annonçant la poursuite de la guerre. La narration, qui mêle moments de bravoure aérienne et âpres négociations politiques, s'avère quelque peu ardue à suivre. En effet, le lecteur est lâché au milieu de ce tumulte sans trop d'avertissement et, si les grandes lignes sont connues de tous (les nazis approchent, l'Hexagone coule), la multiplication d'explications et discours contradictoires de la part des différents acteurs rend la lecture poussive, voire étouffante. Certes, Le grand déménagement est avant tout un tome d'introduction et les éclaircissements viendront certainement plus tard. Ceci posé, sans même une mise en contexte ou un simplement une petite introduction présentant les acteurs de cette fresque, l'ouvrage manque véritablement d’accroche.
Avec un trait classique et carré, Jovan Ukropina offre un service minimum. Non pas que sa reconstitution de ce début des années quarante soit mauvaise, simplement, elle manque d'élégance. De plus, de nombreuses erreurs de proportions viennent s'ajouter à ce rendu bien monotone. Heureusement, le dessinateur se rachète un peu avec une mise en page dynamique. Les quelques scènes d'action sont très bien amenées, mais, là aussi, gâchées par une attention portée aux détails trop relâchée, particulièrement face à la volonté ultra-réaliste de l'histoire.
Entame laborieuse d'une saga en devenir, Le grande déménagement est à réserver aux amateurs du genre.
@ yannzeman
Votre commentaire sur Blum est parfaitement injuste, c'est contraire lui - et le gouvernement du Front Populaire - qui ont relancé les premiers les commandes d'armement face à la menace de l'Allemagne Nazi... et non pas la Droite, qui lui à d'ailleur mis des battons dans les roues quand a voulu aider l'Espagne Républicaine face aux Fascistes.
J'aurais aimé dire du bien de ce 1er volume.
Hélas, il est décevant.
Graphiquement, le dessinateur met un certain temps à trouver son style ; le graphisme n'est pas tout à fait le même au début et à la fin de l'album.
Le dessin ne choque pas, mais il n'est pas transcendant non plus.
Le scénario m'a plus embêté.
Je ne suis pas un spécialiste de la 2nde Guerre Mondiale, mais la fameuse réunion évoquée dans ce 1er volume, avec Pétain, De Gaulle, Reynaud et compagnie, je n'y crois pas une seconde.
Hors, elle est la pierre angulaire de ce "et si...", et c'est donc embêtant.
Faire de Léon Blum, soudainement, un "va t'en guerre", alors qu'il était pacifiste comme tout le gouvernement socialiste au pouvoir et qui confiera à Pétain les pleins pouvoirs, est étrange, voire un contre-sens.
Une fois encore, la gauche réécrit l'histoire ; les alliés, à l'époque, de l'Allemagne nazie, se sont par la suite donné le beau rôle du résistant, oubliant que jusqu'à la trahison allemande de 1941, l'URSS et le 3ème Reich marchaient main dans la main, et que le PC français était entré en clandestinité dans le pays.
Pour qu'une uchronie soit crédible, il faut un minimum de réalisme, et là, le sale rôle donné à Pétain est assez peu crédible.
Ce n'est pas à lui qu'il fallait donner le rôle du défenseur de l'armistice ; le "héros de Verdun" n'est pas celui qui aurait cédé, ou alors il fallait le montrer revoyant dans sa tête la guerre de 14-18, cette effroyable boucherie, pour justifier son attitude pacifiste.
Et ce voyage en avion rose...
Ouais, c'est trop invraisemblable pour qu'on s'attache à l'histoire ; les personnages sont survolés, sans personnalité, on ne s'attache à personne.
Même les soldats allemands, prisonniers de guerre, sont froidement liquidés, sans que personne ne s'inquiète de leur sort, et surtout pas les "combattants de la liberté" !
Qu'ont-ils de meilleur que les nazis, dans ces conditions ?
Une fois encore, dans l'épisode des soldats allemands, prisonniers de guerre fusillés par une milice espagnole de "républicains", l'abject est pardonné par ce qu'il est commis par des gauchos.
C'est trop, et cela ne me donne pas envie de lire la suite.
De toute façon, l'ouvrage est bâclé, et pas très intéressant.
Bilan plus que mitigé pour ce premier volume. Inspiré (mais d'assez loin loin en fait) par les travaux d'uchronies de Stora et Sapir, le livre imagine un scénario alternatif à celui de juin 40. Ce point de départ est intéressant, il est hélas traité de façon peu convaincante de mon point de vue dans ce volume.
L'ouvrage s'ouvre sur la mort d'Hélène de Portes dont on ne sait rien et que le néophyte aura bien du mal à interpréter. L'essentiel de l'ouvrage suit ensuite trois personnages fictifs (la trilogie un peu classique regroupant deux hommes et une femme) qui apportent bien peu à l'histoire de la période. Les dialogues sont trop modernes pour l'époque et le dessin des personnages historiques un peu trop approximatif (Pétain est particulièrement peu ressemblant). Ne reste en fait du livre de Sapir et Stora (et de l'histoire de ce mois de juin 40) qu'une scène centrale, sans doute la réunion du 13 juin 1940. Elle est abordée de façon vraiment rapide et trop sommaire, avec certaines erreurs (à commencer par la carte, ce qui eut été facile à rectifier). On sent que tout cela a été mené vraiment trop vite. Faut-il y voir à nouveau la pression des éditeurs sur les auteurs ou la nécessité des auteurs d'aller vite pour survivre ? Si c'est le cas, c'est bien regrettable. Et pourquoi cette obsession d'inventer des personnages, le plus souvent déjà un peu vu et pas toujours très crédibles, en lieu et place de la vraie histoire ? N'a-t-elle pas pourtant en elle même toute l'intensité désirée et même beaucoup plus ? On reste donc sur sa faim, trop anecdotique par rapport au livre de Sapir et surtout trop loin de l'Histoire pour pouvoir apprécier réellement ce qui aurait dû donner matière à une passionnante uchronie.
Cette BD est une adaptation romancé du travail d'un groupe multi disciplinaire sur la possibilité qu'avait le gouvernement Français de continuer la guerre à partir de l'Afrique de Nord après juin 1940. Le POD (point de divergence) est le décès, dans un accident de voiture, de la maîtresse du Président du Conseil (un mois plus tôt que dans la réalité). Libéré de la présence de cette partisane des défaitistes, P.REYNAUD écarte le Maréchal P.PETAIN du gouvernement avec l'aide de C.De GAULLE et de MANDEL.
Ce tome campe le décor. Il laisse peut de place aux personnages qui s'égrainent tout au long des pages tout en traversant la Grande Histoire. Mais voilà, le contexte est la pierre angulaire de cette série, il ne pouvait pas être bâcler; les amateurs d'uchronie apprécieront. Les fanas d'aéronautiques, eux, aimeront le graphisme avec sa couverture et le combat aérien à l'intérieur. L'aviation est, en effet, le point commun qui lie les 3 héros (y compris l'héroïne). Du coup, j'attends la suite qui laisse espérer une aventure toute en couleur dans les airs et sur les terres d'Afrique. Seul élément incongru : le titre. "Le grand Déménagement" n'a pas grand chose à voir. Il aurait pu/du s'intituler le "Sursaut" (tel que nommer dans le livre de référence).
En m'arrêtant à ce stade, ce 1er tome atteint 3/5. Mais il est le ferment de la série, la réussite du tome 2 pourrait élevé mon avis à 4/5. Alors pourquoi afficher dés à présent un 4/5? Ne nous y trompons pas, bien que l'uchronie soit à la mode dans la BD, ce 1er tome a cela de plus qu'il met en valeur le courage; Le courage politique lorsque tout vous pousse dans la direction opposé. Bien sur la guerre reste et restera une horreur toute humaine. Cette BD le montre aussi...