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Corto Maltese (2015 - Couleur format normal) 13. Sous le soleil de minuit

28/09/2015 14691 visiteurs 5.7/10 (3 notes)

P orteur d'une missive de Jack London pour une chère amie perdue de vue, Corto se retrouve à arpenter la toundra entre Alaska et Yukon pour dénicher la destinataire. Sur son chemin, il va croiser une multitude d'hommes et de femmes au moins aussi égarés que lui. Même si l'or du Klondike a perdu de son éclat, il continue à faire rêver.

Longtemps espéré (et redouté), le treizième volume de Corto Maltese, le premier depuis le décès d'Hugo Pratt, est sans aucun doute un des albums le plus attendus de la rentrée. Reprendre un des personnages les plus emblématiques du Neuvième Art et aller chasser sur les terres du plus grand conteur de la bande dessinée, c'est la tâche immense qu'a acceptée Juan Díaz Canales. Pour ce faire, le créateur de Blacksad a choisi d'envoyer le célèbre marin dans le passé, en 1915 plus précisément ; chronologiquement, Sous le soleil de minuit se déroule donc juste après La ballade de la mer salée.

Une mission sur fond d'amitié, des adversaires et des alliés à géométrie variable, quelques quidams hauts en couleurs (et en folie) dans un environnement sauvage et glacé... cette aventure reprend les éléments traditionnels du genre. Sur ce canevas, Díaz Canales a semé une multitude de rappels « prattiens » en espérant que le lecteur n'y verrait que du feu. Malheureusement, le résultat ne fait illusion que sur quelques pages. En effet, très rapidement, l'accumulation de références et de détails stylistiques « pour faire comme » devient insupportable. De plus, sous ce vernis aux reflets vaguement vénitiens, la narration s'avère très bavarde – un comble quand l'action se déroule sur les terres de Jesuit Joe - et teintée d'un matérialisme bien éloigné des échappées quasi spirituelles habituellement entreprises par le Maltais. Ce qui intéresse Corto, Raspoutine et les autres gentilshommes de fortune n'a jamais été l'or en lui-même, mais sa quête. Si l'ouvrage est globalement bien construit, il lui manque l'essentiel : quelques respirations et du mystère, tout simplement.

Sur le papier, Rubén Pellejero se présente comme un excellent choix pour cette reprise. Dans son travail sur Dieter Lumpen, il avait démontré une aisance dans les ambiances exotiques et le grand large. Sans (trop) tomber dans le pastiche, il propose une approche respectueuse du maître de Rimini. Même s'il ne passe pas à côté de certains tics graphiques (longues silhouettes dégingandées, profil flatteur du héros, etc.), il arrive à imposer sa patte. Le découpage classique en quatre bandes donne une allure rétro à l'ensemble, parfaitement en accord avec le ton des débuts de la série.

Si Sous le soleil de minuit respecte les canons du titre, il rate cependant largement le coche en oubliant de laisser au temps le temps de s'écouler.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
5.7

Informations sur l'album

Corto Maltese (2015 - Couleur format normal)
13. Sous le soleil de minuit

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Note: 3.5/5 (52 votes)

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L'avis des visiteurs

    kurdy1207 Le 15/01/2020 à 13:58:53

    J’avais déjà lu, avec une certaine déception, « Toujours un peu plus loin » scénarisé et dessiné par Pratt sans vraiment avoir accroché. Alors, une reprise ! Mais, en tant que néophyte, j’ai trouvé l’histoire conté dans « Sous le soleil de minuit » beaucoup plus captivante que celle du « Maître ». Côté graphisme, Ruben Pellejero a su parfaire les personnages, dont celui de Corto, ainsi que les décors et les paysages. Il s’agit là de l’avis d’un lecteur peu avisé de l’œuvre d’Hugo Pratt qui a ce jour ne m’a ni attiré ni convaincu. Par contre, cette reprise me donne l’envie de la connaître un peu plus.

    Cet album se place idéalement dans le registre « Aventures » dans le grand nord dont le spécialiste se trouve être Jack London celui là même qui par un courrier à Corto Maltese va le lancer dans de passionnantes péripéties.

    Corto va rencontrer des personnages hauts en couleur qui vivent à la rude dans des lieux reculés sur le territoire du Yukon avec des noms qui sentent bon « la ruée vers l’or » comme le Klondike ou la ville de Dawson. Par contre, il regarde les malheurs et mésaventures des uns et des autres avec hauteur sans vraiment jamais s’impliquer totalement à l’exception de la fin de l’album. Ce qui donne un trait assez curieux à cette histoire.

    les vies des personnages que Corto rencontre peuvent parfois paraître extravagantes mais elles donnent un rythme qui vous retient jusqu’à la dernière page. Franchement, j’ai adoré !

    Mercutio_Untold Le 26/12/2015 à 20:53:22

    Cette reprise des aventures de Corto Maltèse est une excellente surprise. On suit avec plaisir la balade du célèbre marin à travers les territoires du nord-ouest américain en 1915. La première guerre mondiale s'invite dans ces lointaines immensités de même que le soulèvement irlandais. Le dessin est bluffant et le scénario immersif . L'album s'intègre très bien dans la série notamment après la Jeunesse. Vivement la suite !

    kingtoof Le 16/12/2015 à 18:29:56

    J'ai été très dubitatif en découvrant le début de l'histoire... mal à l'aise par rapport à la relation entre Raspoutine et Corto...
    Et puis j'ai été happé par la magie de ce bon vieux Corto : l'aventure, l'humour, la nostalgie, l'amitié, l'amour...
    Merci aux auteurs pour ce pari risqué mais réussit de faire revivre mon plus grand héros...

    minot Le 07/10/2015 à 15:40:22

    SOUS LE SOLEIL DE MINUIT relate le périple de Corto en 1915 dans les vastes étendues gelées du Grand Nord, entre Etats-Unis et Canada. Il est porteur d’un message que son ami Jack London adresse à un amour de jeunesse. En échange, l’écrivain promet à Corto une nouvelle aventure et … un mystérieux trésor !

    Plus qu’un plaisir, c’est un vrai bonheur de retrouver CORTO MALTESE ! Ce premier album de reprise de cette série mythique s’avère selon moi une vraie réussite. Le dessin en noir et blanc, raffiné et tout en élégance, est exquis; il se rapproche énormément du trait élégant de Pratt. Quant au scénario, s’il met de côté énigmes alambiquées, songes illusoires et formules magiques, il est en revanche d’une immense puissance romanesque et propose une pure histoire d’Aventure, avec son lot de rebondissements, d’émotions, de décors enchanteurs et de personnages secondaires hauts en couleurs. Les dialogues sont ciselés à souhait et le personnage de Corto, qui mêle humanisme, romantisme, nonchalance, douce ironie et sens de la dérision, n‘a pas pris une ride.

    Saluons donc le retour en BD de CORTO MALTESE et félicitations aux nouveaux auteurs !

    GUINEAPIG Le 07/10/2015 à 09:39:11

    l en est - à mon avis - des reprises en BD un peu comme des suites au cinéma. Cela peut être très réussi comme absolument loupé, et sans conteste terriblement casse-gueule. La liste serait longue des films ratés, que je ne citerai pas par manque de place, et de peur de faire de la peine à ceux qui les ont faits comme à ceux qui les ont aimés.

    En ce qui concerne la BD après les reprises successives de Spirou, Lefranc, Alix, et Blake et Mortimer pour les plus classiques, on a pu voir que l’exercice était plus ou moins difficile et réussi pour les auteurs, et agréable ou insupportable pour les lecteurs. Je laisserai à ces derniers le choix de leurs humeurs. Pour des créations plus récentes la pratique semble plus courante du fait même que l’auteur est toujours de ce monde et peut choisir son successeur, sans que le lecteur puisse crier à la trahison, avec cependant un résultat toujours aléatoire.
    Dans tous les cas deux options sont possibles.
    La première est de respecter le dessin absolument au coup de crayon près, et là, quid de la création ; la seconde de laisser libre cours à un nouveau style et les puristes crieront au scandale graphique !
    En ce qui concerne le scénario le choix est un peu similaire, insérer un nouvel album dans l’œuvre de départ en respectant à la virgule près les codes de narration, ou alors emmener le personnage vers de nouveaux horizons en laissant de côté l’esprit même du créateur. On le voit, les difficultés sont de taille et le risque important.

    Je ne suis pas un grand spécialiste de Corto Maltese (j’en ai la moitié de ses aventures) cependant je suis un grand admirateur du dessin d’Hugo Pratt. Son tracé paraît au premier abord très rapide et instinctif, mais il est en réalité très travaillé, mêlant les contrastes et l’épure à l’extrême, pour ne garder que l’essentiel, ou à l’inverse fournir au dessin un maximum de détails pour simplifier le récit. Côté scénario, je suis plus réservé, les histoires revêtent souvent un aspect onirique que j’ai du mal à appréhender. Malgré tout j’aime suivre Corto dans ses aventures avec ses compères, réels ou imaginaires, comme Raspoutine, Pandora ou Jack London.

    Et cet album me direz-vous ?
    Eh bien il est absolument dans la veine des précédents et c’est tant mieux. Les amateurs du genre y retrouveront tout ce qui a fait la renommée de l’auteur comme du héros. Tant sur le plan du dessin que de celui du scénario. Les nouveaux lecteurs découvriront un univers totalement étonnant et bien loin de créations contemporaines.

    Différentes versions sont en vente, noir et blanc (sublime), couleur (plus courantl), augmentée d’un cahier de croquis et d’interviews (chez un grand distributeur uniquement), ou encore en tirage limité couverture cuir ou coffret toilé…
    De quoi satisfaire toutes les envies des lecteurs et les recettes de Casterman…

    Francois Nemov Le 02/10/2015 à 15:27:03

    le dessin est fantastique de fidélité à celui d'Hugo Pratt (époque les celtiques). L'ambiance est bien celle d'un album de Corto. A la première lecture, l'histoire semble décousue comme peut l'être un feuilleton de Milton Caniff. A la deuxième lecture, les événements se clarifient, les personnages se mettent en place et on perçoit beaucoup mieux la trame du récit. Exactement comme dans un "vrai" Corto Maltese.

    Pomponazzo Le 02/10/2015 à 14:36:37

    Comment ne pas être déçu par cette reprise qui semble plaquer la "recette" de Pratt, en prenant bien soin d'y incorporer chaque ingrédient, au point de frôler la parodie. Mais si la mayonnaise de Canales ne prend pas, Pellejero s'en sort mieux, car il renonce à singer le trait de Pratt.
    Manque l'érudition, manque l'achimie, manque l'ésotérisme, manque l'extraordinaire personnalité d'un homme aux mille expériences, vénitien jusqu'au fond de l'âme.
    Au bout du compte, la fadeur l'emporte.
    Plongez-vous plutôt dans les albums de Pratt, cent fois plus beaux, poétiques et romantiques que cette pâle copie ibérique.

    jfmal Le 02/10/2015 à 13:33:08

    Dessin parfait et scénario à la manière du Maître Hugo Pratt. Une reprise de qualité de l'un des héros mythiques de la BD.