L
a signature de la paix entre l’Égypte et Israël à Camp David en 1978 marque un tournant dans l'histoire tourmentée du Proche-Orient. D'un côté, la Ligue Arabe menée par Mohammed Kadhafi et Saddam Hussein crie à la trahison et rêve de revanche après le camouflet enduré lors de la Guerre des Six Jours. De l'autre, l'état Hébreu continue de marcher sur la corde raide et s'arme de plus belle afin d'assurer son existence. Quand il apprend que l'Irak est en train d'acheter aux Français deux centrales nucléaires capables de produire du plutonium et donc des bombes atomiques, Menahem Begin, alors Premier Ministre, se doit de réagir. Il donne les pleins pouvoirs au Mossad pour empêcher la construction des réacteurs et ordonne à son état-major militaire de préparer un raid pour bombarder le chantier, si nécessaire.
Ancien journaliste et spécialiste des récits réalistes, Jean-Claude Bartoll (Insiders) n'a pas eu beaucoup de peine pour transformer cette crise internationale en un thriller haute tension. Espions, agents doubles, chantages, sabotages, trafic international, jeux politiques, ballet diplomatique et coups théâtre, Mission Osirak ressemble beaucoup à un film de James Bond, sauf que tous ces éléments sont avérés ! Copieux, mais clair, le scénario est finement construit en une série d'épisodes se déroulant autour de la planète. Les ordres fusent des cabinets ministériels, les agents s'activent sur le terrain et les militaires s'entraînent sur leurs bases. Précis et méticuleux, Bartoll réussit la gageure d'être exhaustif sans tomber dans le piège de l'académisme. Le ton et le rythme sont résolument modernes. Même si on ne peut pas véritablement parler de suspens, la tension est belle et bien tangible. Les amateurs d'Histoire contemporaine vont certainement se régaler !
Ramon Rosanas, dessinateur travaillant plutôt dans le monde des comics, apporte sa précision et son professionnalisme à l'ouvrage. Le trait est assuré pour ce qui est des détails techniques (la longue présentation du F16, le nouveau chasseur à la mode) et élégant quand l'action s'installe dans les salons des ambassadeurs. On notera à ce propos les superbes couleurs (la lumière du printemps à Tel-Aviv !) d'Anouk Bell. Le découpage est également au point, tout en retenue et en efficacité. L'impressionnante scène quasi-muette relatant "l'attentat" dans l'usine marseillaise en est peut-être l'exemple le plus frappant.
Didactique tout en étant passionnant, La bombe de Saddam se révèle être une franche réussite. À découvrir.
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