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ouvelle édition plus qu'augmentée de Tôkyôland (originellement sorti en 2009), SuperTôkyôland raconte le long séjour de Benjamin Reiss dans la capitale japonaise. Parti sur les pas d'une hypothétique âme sœur, Benjamin débarque les mains dans les poches, mais plein d'espoir dans la mégalopole nippone. L'aventure va durer six ans.
Même si le récit ne possède que peu de points communs avec la célèbre Chronique Japonaise de Nicolas Bouvier, Reiss partage avec le grand voyageur genevois la même curiosité et la même volonté d'aller vers les autres. Il prend la peine d'apprendre des rudiments de japonais, il fera tout pour dégoter des piges chez des mankagas débordés et exigeants. Parallèlement, il n'hésite pas à s'aventurer dans des endroits que les guides touristiques feignent d'ignorer. Ce désir de découvrir - en partie poussée par la nécessité de gagner sa vie, il est vrai - sera souvent récompensé par de belles rencontres, deux-trois incidents moins avouables (même délabré et abandonné, il ne faut pas récupérer les vieux vélos qui traînent dans la rue !) et, au final, se révèle être une mine de petits échos exposant une culture à la fois proche et éloignée de la sienne.
Pour raconter son immersion totale, l'auteur a choisi la façon la plus directe. Les anecdotes se succèdent simplement d'une manière chronologique, comme pour « de vrai ». Noyé dans son nouvel environnement, le héros-narrateur explore peu à peu son quartier, puis toute la ville. Celle-ci est montrée avec beaucoup d'originalité, le dessinateur s'amusant à modifier son trait au fil des excursions. De plus, comme il pioche allègrement dans différents styles de manga, l'ouvrage fait également office de revue graphique du pays !
Appliqué et sincère, SuperTôkyôland manque peut-être de nerf par moments. Si l'effervescence et les codes sociaux implacables de cette société ne sont que très peu abordés, cet album s'avère néanmoins être un excellent témoignage que devraient apprécier tous les voyageurs et autres expatriés en partance pour le pays du Soleil levant.
(6/10: assez bien, pour l'édition augmentée)
Avec SuperTôkyôland, Reiss partage avec nous des anecdotes et souvenirs de sa vie professionnelle et sentimentale à Tokyo.
Cet album n'est pas un carnet de voyage, et même si l'auteur a visité le Japon à moto, il nous en donne très peu à avoir. Reiss se limite à la mégapole de Tokyo, les quartiers où il a vécu ou travaillé.
Là où on apprend le plus, c'est sur la vie des expatriés à Tokyo, sur les boulots plus ou moins stables, et en particulier sur les dessinateurs-assistants. Tous les manga-kas, qu'ils soient célèbres ou confidentiels, font appel à des petites mains pour dessiner les décors et objets de leur planche. Leur situation est précaire, et le boulot est suspendu au succès de la série dans les magazines de pré-publication.
Cet album n'est pas vraiment une autobiographie, et on sort d'ailleurs un peu frustré par la non-relation entre Benjamin et Kayoko, qui était le justificatif initial du récit.
Je reprendrai à mon compte la critique adressé à Reiss par le magazine Ikki, page 154 : il manque un climax.