E
lle a ce qu’il faut pour être heureuse, en particulier une situation professionnelle enviable à L.A et un boyfriend à la fois beau gosse et attentionné. Mais un souvenir la hante. Une plaie non refermée la pousse à revenir sur les lieux de son adolescence, au cœur de la province allemande, avec l’intention de définitivement tourner la page.
Signé par une jeune auteure, Antoinette explore le thème du traumatisme de manière convaincante et, finalement, assez subversive. Sous un habillage a priori assez fragile, dépourvu d’artifices graphiques clinquants, l’histoire construite par Olivia Vieweg prend progressivement un tour plus venimeux pour relater le traitement que lui avaient réservé des camarades du même âge et qui sont restés sur place. Là où un exposé plus ou moins larmoyant ou clinique pouvait être attendu, une tension s’insinue progressivement, à mesure que les souvenirs refont surface. Et, surtout, explose lorsque la jeune expose ses véritables intentions. Elle dévoile alors une facette et des actes que le lecteur, surpris d’être resté en haleine tout au long d’un récit explorant un thème rebattu, n’avait pas forcément anticipés. L'auteure et le personnage ont suffisamment bien caché leur jeu pour que les pages défilent à un rythme constant et soutenu.
Sans être révolutionnaire, ni sur le fond ni sur la forme, Antoinette recèle une qualité essentielle : une capacité à conter qui incite à noter le nom de son auteure pour mieux surveiller ses prochaines créations.
J'avoue que c'est très bien dessiné mais je n'ai pas aimé cette histoire. En effet, nous avons une femme qui a parfaitement réussi sa vie à Los Angeles où elle est directrice dans une agence. Au sommet de sa gloire professionnelle, elle éprouve la nostalgie d'un pays qu'elle a quitté et qu'elle avait promis de ne jamais revoir.
En effet, elle retourne dans son village natal d'une province allemande afin de se venger des personnes qui l'ont harcelée lorsqu'elle était une petite fille. On verra que c'est franchement malsain et que cela n'apporte rien de positif. Il ne faut jamais se retourner vers un passé douloureux source de maux.
Oui, nous sommes pleinement dans un récit psychologique où l'héroïne tente de cicatriser son traumatisme. Autant j'apprécie une série comme A Silent voice, autant j'ai pas aimé celle-là pourtant sur le même thème. Il faut dire que les directions prises sont opposées. Après, j'en fais une question de moralité qui est également un de mes critères. A réserver aux adultes et à un public averti pour l'idée que cela induit et ce n'est pas beau. Le dessin enfantin pourrait tromper.