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inny est la fille de la Mort, au visage marqué des stigmates de son père. Elle chevauche son destrier de fumée à travers un Ouest sauvage et sans concessions où magie et poudre ne font pas forcément bon ménage. Dans la cruauté d’une Amérique qui se cherche et se construit dans le sang et la violence, Ginny traque les pêcheurs et les coupables.
Fort d’un postulat qui mélange les genres, Pretty Deadly emmène dans ce premier volume sur les traces d’une Amérique mythifiée par les colts et les sabres. Mais c’est finalement tout ce qu’on verra en termes de western, tant l’action et l’explication de l’intrigue remplissent les pages. Finalement, le cadre est assez peu exploité, là où Thorgal arrivait à faire vivre une mythologie nordique foisonnante et palpable autour de ses aventures fantastiques. Le début du récit propose un court passage en ville, mais point d’indication concrète sur l’historicité du récit : pas de saloon, pas de poker, pas de grands paysages, de hautes-plaines. Et, au final, très peu d’interactions humaines.
Si cette histoire peut paraître, de prime abord relativement simple, certains enchaînements entre les épisodes de rêverie, les flashbacks approximatifs, les scènes de combat, ou les scènes explicatives s'avèrent très denses, voire compacts, et finalement confus, empêchant par la même d'exploiter pleinement cet univers particulier. Cerise sur le gâteau, le découpage ultra-stylisé qui remplit les planches avec des compositions graphiques abondantes nuit à la fluidité de la narration en jouant dans le surfait et suscitant un effet de trop-plein.
Emma Rios utilise un trait changeant pour caractériser cette tension, tout à tour fin et précis, puis anguleux ou flou et dynamique. Mais ce sont surtout les couleurs de Jordie Bellaire qui participent à l’atmosphère, teintant les décors de choix cohérents, qui rendent à merveille les différents mondes présentés.
Il est important de noter que ce premier tome rappelle le manga par bien des côtés, que ce soit par le dynamisme de son découpage, les cadres sur les personnages, ou le traitement du fantastique. Cette hybridation pourrait en rebuter plus d’un, car cette série penche en majorité vers l’Asie, laissant de côté des éléments de narration et d’ambiance qui feront défaut pour le fan de comics. Cependant, le mariage des continents ravira à coup sûr une partie du lectorat.
Pretty Deadly, nom accrocheur associé à une couverture accrocheuse. Mais quand est-il vraiment? A mon sens, le visuel est agréable surtout pour les parties contées. Les personnages ont des apparences stylées (mention spéciale à la Mort qui à un look qui déchire, à la fois original et tellement beau tout simplement). Les décors sont beaux mais c'est surtout l'antre de la Mort qui est magnifique. Les combats sont plutôt clairs et dynamiques. Le découpage des cases est assez osé sur certaine page mais cela fonctionne plutôt bien. Et nous arrivons, à mon avis, au bémol de cette bd, le scénario. L'histoire reste floue, entre western et mystique, et bien qu'on comprend l'idée générale, on ne peut s'empêcher d'être un peu frustré, parce qu'on sent que des éléments nous échappent. Cela a été mon cas. Cependant, cela reste pour moi une bonne bd, pas un incontournable, mais une bonne bd tout de même. Le visuel est très agréable,les personnages stylés, le découpage des cases hors normes. On ne peut s'empêcher de se dire qu'avec un scénario mieux rôdé, cette bd aurait été une pépite.
un graphisme tres dynamique, un découpage avec pas mal de prise de risque, une jolie colo dans le ton de l'univers. Au niveau scénario par contre c'est un peu confus et c'est bien dommage car ça aurait pu etre tres bon.