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ew-York, 1973. Flairant un bon coup, malgré quelques années de retard, Stan Lee, alors directeur général de Marvel, convainc Denis Kitchen d'éditer un comic book underground et de le publier aux côtés de Spiderman et consort ! L'opération sent l’opportunisme commercial, mais Marvel paye bien, très bien même : Comix Book est né. L'aventure ne durera qu'un court moment, mais marquera à jamais le paysage de la BD US.
Au centre de cette aventure éditoriale, Denis Kitchen hérita du pire rôle. Coincé entre les exigences des publications grand-public et des artistes habitués à une liberté totale, il n'eut cesse de rassurer les uns et convaincre les autres, tout en tentant de proposer un magazine de qualité. Il possédait dans sa manche plusieurs arguments susceptibles de motiver, et contenir, ses troupes : beaucoup d'argent, l'assurance d'une exposition médiatique sans précédent (le numéro un est tiré à deux cents mille exemplaires !) et, après d'âpres négociations, le copyright des histoires. En échange, les dessinateurs s'engagent à proposer des récits n'attentant en rien à la pudeur et aux bonnes mœurs de l'époque. Si Robert Crumb refusa tout net, une bonne partie de la profession accepta, pour un court moment. En effet, très rapidement, une fronde menée par Art Spiegelman fit que certains cessèrent l'aventure pour créer un titre concurrent qui, pour la petite histoire, servit de fondation au futur Raw.
Finalement, Comix Book ne connaîtra que cinq numéros avant de disparaître corps et bien, mais ils marqueront les esprits, particulièrement chez les dessinateurs « mainstream » ! Devant les conditions mirobolantes accordées aux nouveaux venus, ces derniers exigèrent un meilleur traitement et, chose nouvelle, leurs originaux !
Quarante ans plus tard, malgré l'intérêt à relever ce épisode qui va au-delà de l'anecdote, le sommaire de ce recueil ne provoque guère d'excitation. Certes, on y trouve quelques perles comme la proto-version du Maus de Spiegelman, Wendell, les premiers pas d'Howard Cruse, ou un récit signé du débutant Harvey Pekar. Pour le reste, les histoires se révèlent simplement moyennes et, plus généralement, très marquées par l'époque. Ce qui avait un sens politique au début des années soixante-dix (féminisme, critiques sociales, etc.) peinera sûrement à galvaniser les bédéphiles alter-mondialistes d'aujourd'hui.
Intéressant à parcourir, malgré un contenu daté, Comix Book met en avant un épisode surprenant de l'Histoire du Neuvième art.
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