L
e général tchétchène Bassaïev s’est rendu au cœur de Grozny avec Ekaterina et Oleg, le soldat aveugle. Il compte les échanger contre son petit-fils, lui-même détenu par les Russes. Dans une ville qui vit au rythme des bombardements, la vie tente de s’organiser. Les deux prisonniers vont découvrir des êtres avec qui ils vont lier des relations sociales, entre simulacre de normalité et tentative de survie.
Après sa longue épopée pour rejoindre la Tchétchénie et retrouver son fils, la petite mère russe se retrouve au milieu des ennemis de son peuple. Loin des terroristes et des sauvages décrits par la propagande, elle découvre des gens marqués par la violence et les privations. Malgré cela, la vie existe toujours et, même s’il faut lutter pour assurer le quotidien, les échanges se construisent doucement, parvenant à faire naître sourires et rires, la fraîcheur et les facéties des petits Aliosha et Bitsi y contribuant grandement.
Comme pour la première partie de ce diptyque, la réussite est au rendez-vous grâce à une écriture intelligente, décrivant sans manichéisme les drames et l’absurdité de la guerre, et en prenant surtout soin de parler de l’humain. L’empathie pour les personnages est réelle tant les émotions sonnent justes, Aurélien Ducoudray passant habilement de la tragédie à la comédie. Cette densité du ressenti doit beaucoup au trait et aux couleurs d’Anlor qui a su se saisir des intentions du scénariste pour mieux les dévoiler aux lecteurs. L’impact visuel de ses planches est du plus bel effet.
Jamais dogmatique ni sentencieux, Amère Russie est un récit de qualité sur un sujet délicat.
La chronique du tome 1
Une mère russe part chercher son fils soldat fait prisonnier par les tchétchènes. Elle affronte pour se faire nombre de péripéties entre soldats russes plus/moins indifférents et soldats tchétchenes intéressés pour de mauvaises raisons. Entre les scènes de survie/entraide des civils assiégés et les scènes de violence, l'auteur a trouvé un délicat équilibre entre ombre et lumière. On n'étouffe pas dans le jugement ou la complaisance, cette oeuvre possède des vertus éducatives. Entre les tomes 1 (côté russe) et 2 (côté tchétchènes), j'ai préféré le 2nd qui développe mieux la psychologie des personnages.
Le dessin est simple mais efficace.
Après la bonne surprise du tome 1, j'ai dévoré cet album, qui boucle ce récit, en maintenant son niveau de qualité, sans jamais sombrer dans la guimauve ou la facilité.
Bon diptyque sur la guerre en Tchétchènie.
Les aventures de cette mère courage et de son petit chien se lisent d'une traite.
Les personnages secondaires sont vites attachants : Bassaïev le chef de guerre, Asia la sniper tchétchène, le prisonnier russe "aveugle"...