L
e docteur Vogel-Kampf a ramené Sinclair à la vie. Avec son nouveau cœur artificiel, ce dernier se découvre des capacités physiques hors normes qui s’ajoutent à sa récente nyctalopie. Les autorités françaises le rejoignent sur son lieu de convalescence et l’enrôle dans une mission périlleuse pour sauvegarder la paix en Europe. Il va devoir affronter un mystérieux homme-requin qui, il ne le sait pas encore, est étroitement lié à un drame de son enfance.
Après un tome d’introduction déjà haut en couleurs, voici le second épisode des aventures de Théo Sinclair, alias l’œil de la nuit. L’aventure est maintenant pleinement lancée et n’y cherchez pas une once de cohérence. Tout est possible dans cet univers où une science débridée – créant des sous-marins, des engins spatiaux, des êtres artificiels – côtoie les supers pouvoirs défiant les lois de la médecine, les pouvoirs psychiques et les traces de la venue d’extra-terrestres sur la Terre. Rien n’est interdit et les barrières paraissent ne pouvoir venir que des limites de l’imagination. Et, bonne nouvelle, celle de Serge Lehman ne semble pas être atrophié sur ce plan. Le récit se déroule tambour battant, accompagné de dialogues savoureux et de références à la littérature du début du siècle (mais aussi à des œuvres plus récentes), dans une succession de rebondissements qui s’enchaînent sans à-coups. L’auteur ne perd pas de temps à densifier la définition des personnages et il règne une ambiance de candeur très agréable, celle que l’on ressent lorsque à la relecture des ouvrages de Jules Verne (par exemple) au regard de ce que notre monde est devenu.
Au dessin, Gess est tout aussi créatif que son scénariste. S’attachant à toujours être évocateur et à mise sur la fluidité, il offre des décors étonnants d'inventivité (ah, la caverne sous-marine !). Il sait changer son style comme lorsqu’il conte le récit d’un événement passé sous la forme d’un feuilleton dans un journal. Ses efforts pour rendre l’atmosphère palpable sont renforcés par la colorisation de Delf.
L’œil de la nuit n’est qu’un divertissement, mais dans ce qu’il a de plus noble : pas de raccourcis ni de racolage mais un travail respectueux du lecteur. C’est juste jubilatoire.
La chronique du tome 1
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