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obert Kirkman récidive. Après le raz-de-marée The Walking Dead, sa nouvelle série était attendue de pied ferme. Il est de retour avec Outcast, un comics d’horreur prenant place dans une petite ville des États-Unis, et tournant autour des thèmes classiques de la possession démoniaque, de l’exorcisme et des sectes occultes. Kyle Barnes, possédé par un démon, découvre qu’il n’est pas seul et que sa malédiction sera utile pour affronter la menace qui pèse sur le monde.
Delcourt répond présent sur l’édition, proposant cet opus sous une forme cartonnée se rapprochant des nouveaux standards Urban, mais surtout en conservant ce très beau papier qui avait surpris le public lors de son édition en single aux USA. Un papier mat qui sert le dessin à merveille, tant les couleurs ombrageuses de Bettie Brettweiser n’auraient pas supporté le passage sur un support glacé. Le dessinateur Paul Azaceta offre quant à lui une nouvelle preuve de son talent, se rapprochant du trait réaliste de Walking Dead, en y rajoutant une touche de difformité malsaine, crédible et effrayante. L’alliage des deux rappelle un mélange étonnant entre Mignola et Mazzucchelli, qui dépeint des paysages simples mais profonds, et prend son envol lors des scènes nocturnes. C’est lors de ces pans horrifiques que la tension est à son paroxysme, grâce à un traitement des plages de noirs et de la morphologie qui provoquent l’effroi avec brio. Mention spéciale aux expressions et aux visages, criants de vérité.
Si l’esthétique est merveilleuse, elle occupe aussi une fonction narrative importante, car Kirkman possède le don de faire vivre des moments du quotidien, autour d’une partie de carte ou d’une conversation en voiture. Les personnages sont confrontés au mystère, aux abysses de l’inconnu. L’histoire se déroule petit à petit, sans sombrer dans les travers habituels de l’enquête paranormale, en lui préférant une progression subtile, plus proche de la découverte subie que de l’aventure. Cette déclinaison de l’Exorciste de Friedkin pourrait cependant laisser certains sceptiques, car l’intrigue ne dépasse pas le cadre traditionnel du film de genre. C’est plutôt dans son traitement que l’horreur fait peau neuve, l’auteur y apportant un vent de fraîcheur qui comblera tous les aficionados de diableries. C’est donc dans ses petites lignes et non pas dans les grandes que se résume l’efficacité de Outcast.
Kirkman pose ici les bases d’un futur succès, dont une adaptation à la télévision est déjà prévue. La chose tient presque de l’évidence, tant le rythme proposé sur papier rejoint la force que possédait Walking Dead à ses débuts. Un départ prometteur qui appelle une confirmation ; celle-ci passe par un brin d’originalité faisant défaut à ce premier volet. Le tableau serait alors parfait.
Alors que la série publiée par Image Comics doit prochainement connaitre son dénouement en VO (retardé de quelques mois pour cause de Covid-19), je relis en un WE les sept volumes d’Outcast parus à ce jour chez Delcourt avant la sortie du dernier tome début 2021. Une histoire de possession, de démonologie et d’exorcisme traitée de façon simple, familiale et intime, en tout cas à taille humaine, où les relations entre les différents personnages sont plus importantes que les quelques séquences ésotériques indissociables de cette thématique. Un style d’écriture que ne renierait sans doute pas Stephen King (Outcast by Kirkman & Azaceta 2014, #1-6).
Je ne suis habituellement pourtant pas un grand fan des histoires plaçant l’occulte au cœur de leur sujet mais le scénario de Robert Kirkman se concentre surtout sur quelques tranches de vie et sur l’existence morne de ses personnages. Sur deux d’entre eux en particulier. Le premier, Kyle Barnes, a vécu une enfance traumatisante et sa vie d’adulte prend le même chemin. Le second, le révérend Anderson, lutte avec ferveur au sein de la paroisse locale contre les forces du Mal qui semblent hanter sa petite communauté. C’est lorsque les deux vont faire équipe qu’ils vont, très progressivement, prendre conscience d’une menace plus prégnante et insidieuse qu’ils ne l’avaient imaginée.
Il faut admettre que la principale critique de cette série, son rythme, est justifiée. Celui-ci est en effet assez lent, voire très lent, sur les premiers épisodes ; c’est finalement celui d’une série télévisée qui prendrait vraiment le temps de s’installer (le comics a d’ailleurs été porté à l’écran, sans grand succès, par Cinemax). Ainsi, l’on referme ce premier tome avec plus de questions que de réponses. Et parmi elles, on ne sait, à ce stade, toujours pas pourquoi le personnage principal est banni ni même ce que cela recouvre. Il faudra persévérer encore un tome ou deux pour commencer à le comprendre…
C’est avec une grande joie que je retrouve l’auteur de Walking Dead dont je suis le plus grand fan aussi bien du comics que de la série TV. C’est toujours une certaine appréhension de voir s’il va faire mieux. Pour l’instant, à ce stade de lecture, il est encore trop tôt pour le dire. Cependant, il semble être ravi par les chiffres de vente qui laissent espérer le meilleur.
J’avoue avoir eu beaucoup de mal au début mais je me suis accroché quitte à relire les pages en arrière afin de tout comprendre et ne rien mélanger. J’ai fait un effort que je n’aurais sans doute pas fait si on ne sentait pas quelque chose de plus élevé que la moyenne. On retrouve la même humanité dans les personnages qui ont réellement de la consistance.
Et pour une fois, on est dans un domaine plus crédible que celui d’un monde envahi par les morts vivants. Il est question d’exorcisme et de lutte contre nos démons intérieurs. Ce n’est pour l’instant pas trop flippant car les démons ne sont que des taches noires. Pour autant, on sent que la tension monte progressivement.
Au final, c’est un récit assez prenant et on a hâte de voir la suite et ce que cela va donner. Il faut dire qu’on nous indique déjà dans la préface que cela va avoir des conséquences apocalyptiques. Bigre ! On en est encore loin.
"Outcast T.1 à 3" de @RobertKirkman et @paulazaceta chez @DelcourtBD
Synopsis :
"Kyles Barnes vit reclus dans sa maison, terrassé par un passé douloureux. Il lutte depuis son enfance contre l'emprise de démons sur sa vie et son entourage. Lorsque le révérend de sa ville natale le sollicite pour l'aider à pratiquer un exorcisme, Kyle commence à faire le lien avec la possession de sa mère. Il est sur le point de dévoiler la véritable nature de ses dons, qui vont s'avérer terrifiants."
Scénario : Robert Kirkman;
Dessins : Paul Azaceta ;
Éditeur : Delcourt ;
Prix : 16.95 €.
Aujourd'hui, sonne le jour où vous serez tous maudits. Pas parce que je l'ai choisi, non quand même pas, mais parce que je vais vous parler de cette sympathique série qu'est "Outcast" de @RobertKirkman (papa de "Walking Dead" (je parle du #comics bien sûr)) et de @paulazaceta, éditée chez @DelcourtBD. Maudit, car notre héros Kyle, pense qu'il l'est depuis sa plus tendre enfance [...]
[...]Il ne comprend pas ce qui lui arrive ou du moins n'arrive pas à croire que depuis l'enfance, il doit lutter contre des démons, littéralement parlant, et préfère donc rester chez lui, cloîtré afin d'éviter de faire du mal à sa famille.
La suite de la chronique ici :
https://wordpress.com/post/yradon4774.wordpress.com/2025
Un classique dans ma bédéthèque dont je viens d'acquérir le tome 2 récemment.
Dessin sobre (comme dit plus bas) et une histoire géniale !!
Tiens, surpris qu'il n'y ait aucun commentaire sur la nouvelle série de Mr "Walking Dead".
Alors si vous aimez les histoires de démons et d'exorcisme qui tiennent la route, surtout si elles sont servies par un dessin sobre et prenant n'hésitez pas.
8/10