Welcome home Johnny ! Pas facile de retrouver son Texas profond après les mois passés sur le front irakien. Pas facile de trimbaler sa prise de conscience, passée à l’épreuve du feu. De se confronter aux Red-Necks obtus de son pays natal. S’il est revenu là, c’est seulement pour voir Liz, ne serait-ce qu’une dernière fois, pouvoir enfin tourner la page. Mais la rumeur malveillante, la bêtise crasse, la foule enivrée, la jalousie mesquine, tout ça fait un dangereux cocktail pour le héros démobilisé. En écrivant cette sombre parabole de l’ignorance, portée par une assemblée haineuse cédant à la barbarie, Run signe la pièce maîtresse de ce recueil. Car derrière la violence brute, transparaissent les travers humains, comme dans toute bonne série B. Nouveau venu dans la collection, François Amoretti accompagne dignement ce récit, avec ses cadrages audacieux et dynamiques, ses compositions percutantes, et un trait finement encré d’une grande classe.
Nouveau venu également, le scénariste Hasteda – un camarade de lycée du maître des lieux – propose deux aventures dans cette septième livraison de Doggybags. D’abord, Lupus, une révision incisive mais originale des traditionnelles histoires de vampires. Pour illustrer ce conte moderne et sanglant, en forme de huis clos nocturne dans un relais routier isolé au fin fond des Carpates, encore un néophyte, Mëgaboy, au trait particulièrement puissant, un peu crade, un brin caricatural, et bougrement efficace.
Enfin, pour terminer, Wintekowa, une évocation âpre et cruelle du mythe amérindien du Wendigo, ce croquemitaine hantant les étendues glacées de l’Ontario, avide de chair humaine. Manquant parfois un peu de rythme, cet ultime épisode est cependant énergiquement porté par le dessin anguleux, heurté, radical, de Mathieu Bablet, un habitué désormais du label 619. Comme à l’accoutumée, Run propose aux lecteurs ce rédactionnel faisant le sel de la série, articles, édito, fausses pubs, pour parfaire l’habillage pulp du magazine.
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