L
a révolution fait rage. Au cœur des combats, Carmen ne cherche pas à réprimer ses instincts, elle qui ne prend son pied qu’au milieu de carnages et autres déchaînements de brutalité. Transi d’amour, son Jorge est mis à toutes les sauces. Le problème, c’est qu’il est hématophobe : la vue du sang le fait vomir.
Zapatistas rassemble en un recueil plusieurs épisodes des « aventures sentimentales » des deux amants, qui s’aiment malgré un rapport quelque peu différent à l’hémoglobine. Derrière une couverture qui donne le ton, Pierre Place fait dans la franche déconne mais en met plein la vue. Il est toujours agréable de voir un auteur réaliser avec sérieux un album qui, justement, ne se prend pas au sérieux. Ici, tout part en vrille dès les premières planches, avec des dialogues loufoques et des situations rocambolesques. Cela n’empêche pas le dessin d’être parfaitement exécuté, l’ambiance lourde et la violence omniprésente, le tout accompagné de textes particulièrement bien écrits. Il y a du début à la fin un soin apporté aux détails qui force le respect, d’autant qu’entre humour et description d’un quotidien finalement fort tragique, l’équilibre est plutôt bien trouvé.
À plusieurs reprises, le temps d’une histoire courte, l’auteur quitte en effet ses deux héros pour dresser des portraits d’hommes et de femmes touchés d’une façon ou d’une autre par les attaques des troupes zapatistes. Si la dérision est toujours bien présente, une réalité plus désespérante s’esquisse en filigrane. De quoi faire pencher la balance du côté le moins drôle, avant de reprendre le chemin du fou rire.
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