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ue ce soit pour ses quinze minutes de gloire, pour dénoncer un scandale ou, tout simplement, partager sa passion, tout le monde est invité à s’asseoir derrière la caméra du Talk Show ! Évidemment, comme ce n'est pas la plus grande chaîne de télévision, ni le meilleur créneau horaire, l'animatrice, elle-même n'étant pas la star de sa profession, doit se débrouiller avec des intervenants pas toujours tout à fait au point. Ah, la magie du petit écran !
Fabcaro se lâche dans Talk Show ! À mi-chemin entre l'humour absurde façon Monty Python et le rire bête et méchant des gens du Square, le scénariste de Mars! aligne ses cibles avec un plaisir contagieux. Certes, la mécanique basée sur l'incompréhension et le quiproquo est un peu répétitive sur la durée, mais elle est bien huilée et fait mouche presque à tous les coups. Point fort de l'album, le travail d'écriture se révèle particulièrement habile. Pour chaque situation, l'auteur a trouvé le petit – souvent l'énorme - quelque chose en plus qui provoque immanquablement l'hilarité. Résultat, une lecture sympathique et détonante en dépit de l'apparente facilité du procédé.
Graphiquement, encore plus que les scénarios, ces gags ressemblent quasiment à un exercice de style purement formel : mise en page minimaliste (un même plan fixe), personnages figés et construction en gaufrier. Et, pourtant, ça fonctionne très bien ! La présentatrice au sourire pétrifié et les invités paralysés par la caméra jouent, en fait, parfaitement leurs rôles de victimes consentantes. En résumé, un titre amusant malgré une allure rébarbative, Talk Show se déguste néanmoins mieux par petites doses.
Fabcaro est un auteur qui me fascine véritablement. J'aimerais bien le rencontrer un jour: c'est réellement un souhait. Et dire qu'une de mes connaissances a passé récemment une après-midi avec lui ! J'en suis un peu jaloux. Voilà des années que je prédisais que cet auteur allait faire un tabac. C'est chose faite avec sa dernière oeuvre où il collectionne les prix.
Si je dis cela, c'est qu'en matière de strip, j'ai jamais été emballé par le genre à l'exception de Fabcaro qui est le seul à me faire rire. L'exercice était pourtant difficile car 8 cases pour une séquences qui se reproduit à savoir un talk-show où une présentatrice reçoit un invité à chaque fois différent. Les chutes ne sont pas les mêmes.
C'est parfois assez sarcastique sur la critique des médias et de la culture de masse. Tous les exemples qu'il nous montre me parlent. C'est tellement rare d'être autant en phase avec un auteur.