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uelque part dans la galaxie, sur une planète lointaine, deux méga-entreprises se partagent le pouvoir, tout en se livrant une guerre sans merci pour éliminer l'autre. Complots, attentats ou guérilla technologique, tous les moyens sont bons pour annihiler la concurrence. Le crash d'une soucoupe volante extra-terrestre va, peut-être, changer la donne.
Lucas Varela (Diagnostics, Paolo Pinocchio) entraîne le lecteur dans un monde à mi-chemin entre la Ville-puit chère à John Difool et le Brazil de Sam Lowry. Sous couvert de science-fiction, le scénariste a en fait tissé une fable, un réquisitoire quasiment, contre le consumérisme et le capitalisme sans foi ni loi. L'individu n'existe plus, il n'est qu'un pion dans un gigantesque jeu sans pitié. D'ailleurs, il a perdu la parole. En effet, l'album a comme caractéristique d'être muet. À la place des dialogues ou des digressions, ce sont donc les événements qui dictent le ton et rythment la « lecture ». Varela se joue de cette difficulté formelle et offre un joli récital narratif. Mieux encore, malgré la complexité des complots et de l'accumulation des trahisons, ce thriller se révèle des plus prenants et passionnant à suivre.
Quand les mots sont absents, c'est au dessin que revient tous les rôles. La ligne claire mâtinée de design japonisant des illustrations donne aux planches toute la lisibilité nécessaire pour bien suivre le récit. Parfaitement calé dans son univers, le dessinateur se fait également plaisir avec de grandes compositions urbaines au look rétro-futuriste tout à fait admirables. De plus, l'artiste argentin a semé, au fil des chapitres, une multitude de références aux classiques (BD, romanesques ou cinématographiques) de la S-F. Ces petits clins d’œil apportent un supplément sympathique que les amateurs du genre s'amuseront certainement à détailler.
En dépit d'une intrigue finalement assez convenue, Le jour le plus long du futur se démarque par sa construction savante et très maîtrisée.
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