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ulien et Maude vivent ensemble. Depuis déjà un petit moment, le jeune couple ressent l’envie d’avoir un enfant. Pour le futur père de famille, la trentaine approche et il ressent le besoin de rencontrer son père biologique, Pierre Jonas, qu’il n’a jamais connu. Pierre en révèle beaucoup, mais certaines interrogations demeurent, quelque chose cloche. Attisé par la curiosité, le jeune homme décide de se rendre en Israël pour avoir les réponses à ses questions.
Un jour il viendra frapper à ta porte est un roman graphique et autobiographique, une chronique sociale où l’auteur enquête à la recherche de ses origines. La lecture, fluide et agréable, retranscrit humblement et en toute pudeur son cheminement, son voyage sur la terre de ses ancêtres. Si l’album est forcément introspectif, il se dégage autre chose au fil des pages. Une force et une sensibilité singulières qui plongent le lecteur dans des passages de l’Histoire pas toujours facile à traiter : le sort des déportés juifs à la libération. Pour mettre en image son récit, il fait appel à Dominique Mermoux. Un trait simple qui va à l’essentiel mais qui se suffit à lui-même.
Savamment dosé, cet album sait trouver les mots justes. Ne se contentant pas de retracer le voyage initiatique de l’auteur, il permet, aussi, d’honorer la mémoire des survivants de la Shoah.
J'ai été plus que séduit par cette histoire. Un garçon part à la trace de son père qu'il n'a jamais connu. Il découvre non sans mal un lourd passé qui va le conduire jusqu'à Jérusalem. On ne sait pas si c'est une histoire vraie mais cela en a l'apparence. Point de préface pour l'indiquer expressément. Bref, beaucoup de pudeur ce qui est appréciable.
La rencontre entre Julien et son père sera unique et fait référence à celle entre Robert de Niro et Al Pacino dans le film Heat. Cela ne se passera pas de la manière qu'on attendait. Cependant, le lecteur va vite se rendre compte que ce n'est pas l'aboutissement de la quête de ce jeune homme à la recherche de ses racines. Cela ne sera qu'une étape sur un chemin bien plus long et semé d'embûches pour découvrir un véritable secret de famille qui nous conduiront dans les camps de concentration durant la Seconde Guerre Mondiale.
On ne tombera pas dans le pathos. Il y a une certaine réserve de la part de l'auteur afin d'éviter l'écueil émotionnel. C'est assez drôle par moment. Et surtout, c'est très contemporain c'est à dire inscrit dans la réalité d'aujourd'hui. La dernière partie du récit a lieu au mois d'août 2013. Point de dialogue inutile. Et en prime, un très beau dessin sobre et efficace qui est au service de l'intrigue.
Au final, nous avons un excellent roman graphique avec une jolie histoire assez touchante et sincère. C'est un joli coup de coeur.
Une Bd intimiste et pudique dont le trait fin et minimaliste fait penser à celui de Guy Delisle, tout comme le côté autobio.
Celle-ci a l'art de nous faire vivre la petite histoire dans la grande (ou du moins sur les traces de la grande) et nous absorbe avec une émotion qui ne sombre jamais dans le pathos.
Sobre et efficace.