La ville fut florissante
Puis en ruine
Enfin
Et c’était incroyable
Elle fut florissante de nouveau
C’est sur cette mise en exergue que débute Notes pour une histoire de guerre, de l’auteur italien Gipi. Construit comme une fuite en avant, cet album suit la virée de trois ados dans un pays en guerre, du départ dans les montagnes à la condition de malfrats avec toujours, en toile de fond, la violence et l’argent. Leur particularité, c’est leur contemporanéité : Julien, le narrateur, passait avant la guerre des après-midi entières sur Internet. Ensuite, comme P’tit Kalibre et Christian, ses deux compagnons, il a fui les combats et, de son propre aveu, il est devenu méchant.
Loin des habituelles histoires d’enfants pris dans la guerre, enfants-victimes et finalement enfants-objets, Notes pour une histoire de guerre campe l’histoire de ces trois ados un peu paumés, mais qui préfèrent provoquer l’événement que de le subir. Et si la voie qu’ils finissent par suivre n’est probablement pas la plus honnête, c’est celle qu’ils ont choisie eux-mêmes.
Gipi réfléchit donc sur le libre-arbitre. Ces garçons de 17 ans qui ont une arme et s’en servent sont-ils des victimes infantilisées à soigner ou de jeunes adultes qui savent parfaitement où ils vont, et avec qui il faut parler franchement, d’égal à égal ? Ou alors sont-ils un peu des deux, perdus mais volontaires, fermes mais désorientés ?
En marge de cette problématique, ce sont trois caractères qui s’affirment, et trois vies qui se dessinent.
Le graphisme de Gipi, très schématique, puise sa force d’évocation dans ses aplats et dans sa bichromie puissante. Les ambiances sont parfaitement rendues, et une fois entré dans l’album, on en ressort difficilement.
Il est suffisamment rare que des albums traversent les Alpes pour qu’on le remarque, et celui-ci mérite amplement cette reconnaissance, inaugurant de manière très alléchante le nouveau catalogue BD d’Actes Sud.
C’est l’histoire de 3 petits morveux qui se mettent au service d’un caïd pour faire son sale boulot dans une ville d’un Etat en guerre sans plus de précision sur l'époque ou le lieu. Ce caïd en question est milicien, d’où il est trop occupé et délègue son boulot.
On suit donc le parcours de ces 3 jeunes gens dont le milieu social est différent mais qui sont embarqués dans la même galère. Ceci a pour but de nous faire comprendre que les sales guerres recrutent leurs miliciens dans la misère et le petit banditisme. Ces fameuses guerres ne sont que le prolongement de leurs petites affaires misérables de racket et de drogue. La guerre comme terrain propice...
Le graphisme m’a littéralement repoussé. Or, il est de bon ton de penser qu’il ne faut pas noter une œuvre à son seul graphisme même s’il est vraiment laid et repoussant. Soit. Mais que dire alors du scénario ? Il ne procure aucun plaisir au lecteur que je suis. A la rigueur, le parcours initiatique de ces 3 crétins m’a laissé totalement indifférent car on ne peut guère s’identifier à des personnages antipathiques. Quant à l’effet de style de la dernière case, c’est d’un regrettable dégénéré kitsch ou d'un carnavalesque rétro (au choix). Dure réalité...
la vache, la claque... Gipi ... ce type se permet de ces trucs. Toujours juste. Toujours sensible. Toujours vrai... Incarné. Le dessin... La vache.