L
eftéris, la soixantaine, est employé dans une entreprise de pompes funèbres. Appelé en urgence par son patron, il va devoir veiller un cadavre encombrant, le temps que certaines formalités soient remplies. Un chouette week-end en perspective. Enfin, il faut bien gagner sa vie, particulièrement dans cette Grèce en pleine crise économique.
Sur le mode de la chronique sociale douce-amère, Tassos Zafriadis et Yannis Palavos racontent le début de la vieillesse au moment où l'individu réalise que le plus long du chemin est derrière soi. Leftéris est arrivé à l'âge où il n'a plus grand-chose à attendre. De plus, il est bien placé pour savoir qu'elle sera la prochaine étape. Néanmoins, il sait garder ses rancœurs et ses regrets pour lui ; de toute façon, il n'a pas le choix s'il veut garder son emploi. Le scénario, qui mise sur la simplicité et les non-dits, est adroitement ciselé et évite tout pathos ou voyeurisme. Sans effet de manche ou artifice inutile, les deux auteurs offrent un portrait profondément respectueux de leur personnage. Au final, plus réaliste que réellement pessimiste, le ton se révèle convaincant, particulièrement pour ceux qui sauront lire entre les cases.
Visuellement, en découvrant les illustrations d'Athanassos Pétrou, le nom de Miguelanxo Prado vient immédiatement à l'esprit. En effet, tel le Joe Bar Team de Bar2 qui faisait revivre le trait d'André Franquin, le travail du dessinateur grec offre un mimétisme troublant avec celui du Galicien, notamment au niveau de l'encrage. Malgré cette ressemblance troublante, Pétrou démontre un certain savoir-faire en se jouant de la monotonie du train-train quotidien grâce à une mise en scène dynamique.
Finement écrit et exécuté, Le croque-mort se démarque grâce à sa profonde humanité et une certaine ironie.
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