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orr est un être torturé. Des blessures profondes et encore vives sont à l’origine de sa volonté d’abattre toutes les déités de l’univers. Son intention n’est pas seulement de les tuer, mais surtout d’agir sur le temps pour faire en sorte qu’elles n’aient jamais existé. La victoire est proche, la folie aussi, car, avec les pouvoirs qui sont maintenant les siens, le massacreur de dieux n’en est-il pas devenu un ? Et malgré son omnipotence, l’arrogance et la suffisance dont il fait preuve à travers sa façon de jouer avec Thor - tel le chat avec la souris – ne vont-elles pas le conduire à offrir une minuscule mais réelle chance à ses adversaires ? L’utilisation du temps pourrait-elle finalement causer sa perte ?
Dans le premier tome de la série, Jason Aaron offrait à Thor une aventure à la dimension de son caractère divin. Ce second épisode confirme toute la réussite du projet. Tout d’abord parce que l’adversaire proposé au fils d’Odin a une réelle épaisseur et une vraie complexité. Il est intelligent, redoutable, intrigant et les révélations sur son passé lui confèrent encore plus de charisme. L’autre élément notable est la qualité de la narration, construite autour de trois époques. La gestion des sauts temporels n’est jamais aisée mais le scénariste (et le lecteur avec lui) ne se prend à aucun moment les pieds dans le tapis. La trame reste maîtrisée jusqu’au terme, proposant trois visions du dieu du tonnerre qui s’imbriquent et se répondent habilement. Enfin, cette épopée à l’échelle de la création bénéfice d’un véritable écrin grâce au dessin d’Esad Ribic et à la colorisation d’Ive Svorcina. Leur travail offre un résultat esthétiquement merveilleux, avec l’impression de contempler des tableaux. Rassurez-vous, il n’est pas question d’une succession de belles vignettes. Par l’intermédiaire d’un excellent découpage, les planches sont toujours fluides, et le léger manque de dynamisme, inhérent au style graphique, est très largement compensé par sa puissance évocatrice.
Dernier point important : il n’est point utile de connaître le personnage pour apprécier ce diptyque. Voilà, à moins d’être complètement marteau, vous n’avez plus aucune raison pour ne pas vous précipiter sur cet indispensable.
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