Masiko est un recueil réunissant deux histoires précédemment parues dans Doggy Bags et un inédit. C’est l’occasion de lever, un peu, le voile sur la mère de Xiong Mao, l’héroïne de la série Freaks' Squeele qui a permis à Florent Maudoux de se révéler au grand public. Ceux qui ne connaissent pas ses productions découvriront la force de son graphisme. Son trait s’affranchit des standards franco-belges et lorgne vers le manga et l’animation. En complément d'une mise en scène très cinématographique toujours remarquable, un soupçon de volupté et de sensualité donne aux planches une efficacité des plus plaisantes dans leur enchaînement.
En revanche, le fond laisse tout de même à désirer. Ces courts récits s’apparentent à des exercices de styles qui, sortis du contexte pulp et déjanté de Doggy Bags, laissent sur sa faim, en dépit de la qualité de leur exécution. Le premier est un hommage revendiqué aux films de gangsters hongkongais. Il évoquera à certains le Kill Bill de Tarantino. Le deuxième s’appuie sur l’effeuillage d’une jeune femme devant trois clients racontant leurs récentes tentatives pour exploiter la détresse d’une jeune inconnue seule avec son bébé. L’histoire est relativement convenue mais l’auteur joue justement sur cet aspect, le lecteur se délectant de ce qui attend les trois hommes lubriques. Sans compter qu' une petite surprise l’attend…
Le dernier segment, qui s’intéresse au père, surprendra par son mode de narration, constitué d’illustrations en pleine page. Celles-ci dévoilent le corps de la pulpeuse tueuse et les tatouages qui la recouvrent au fur et à mesure que le temps passe. Tenant de l’illustration, les qualités soulignées précédemment ne peuvent s’exprimer tandis que la précision accordée aux visages et aux expressions n’est pas toujours au rendez-vous.
Les fans de l’auteur seront peut-être heureux de retrouver ces aventures dans un album dédié. Pour les autres, cette compilation est loin d’être indispensable, d’autant plus qu’elle ne peut pas servir de clé d’entrée à l’univers de Freaks' Squeele.
J'ai bien aimé la première nouvelle sur Masiko, la tueuse légendaire, mais un peu moins les deux suivantes. Il faut dire que la dernière n'est qu'une compilation de portraits illustratifs avec une narration tout à fait pesante. Cependant, graphiquement, c'est beaucoup de bonheur pour les amateurs du genre.
Au final, c'est pas mal mais ce n'est pas une réussite car un certain déséquilibre est perceptible. Il est vrai que l'héroïne portant son bébé sur le dos est une sacrée combattante. Maintenant, les mères de famille seront certainement assez offusquées car quand on a la responsabilité d'un être aussi fragile, on ne combat pas les triades comme si de rien n'était. C'est parfois violent et trash.