U
n fragment de lune s’est écrasé sur la centrale atomique de Tchernobourg. Depuis, les radiations font leur œuvre et dans les rues en ruine de l’illustre cité se promènent désormais des mutants dotés de pouvoirs bien surprenants. Parmi eux, un prêtre pour le moins singulier.
Mieux vaut avoir le moral scotché sur le beau fixe ou quelques petits cachets d’antidépresseurs à portée de la main avant que de se plonger dans Le confesseur sauvage. Homme poulpe prédisposé à recueillir les confessions spontanées de ses concitoyens, le père Irradieu, curé autoproclamé d’une église désertée déclenche, dès qu'il les touche, les confessions de ses ouailles. Ce qui pourrait apparaître alors comme une bénédiction s’avère en fait un fardeau au regard des révélations dont il est le dépositaire plus ou moins involontaire.
Avec cet album, Philippe Foerster s’adonne avec plaisir à son penchant naturel pour les histoires bien noires. En quelques saynètes à l’onirisme débridé et décomplexé, il fouille sans avoir l’air d’y toucher dans les circonvolutions de l’âme humaine. De l’être ou du paraître, aux aspirations défuntes en passant par les illusions ayant valeur de réalité… l’auteur belge aborde, via ses personnages difformes, nombre de travers de notre propre société. Offrant une lecture à tiroirs, il permet de voir tout et son contraire dans ces planches à la colorisation changeante selon les chapitres.
L’absurdité relative du propos comme l’approche graphique, en noir et blanc, à la frontière du caricatural ou du surréalisme, sont des procédés efficaces pour (r)amener le lecteur à certaines réalités… Surprenant, autant que déstabilisant, le dernier opus de Philippe Foerster dérangera ceux qui souhaiteront s’endormir paisiblement.
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