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ne balade nocturne, quoi de plus normal ! Sauf si elle se déroule sur les toits et vous conduit de manière récurrente à finir votre nuit dans d’autres lits que le vôtre…
Après Cyril Bonin qui s’interrogeait encore récemment sur les conséquences d’une pandémie frappant d’immobilisme les amoureux, Zidrou se pose la question de savoir si le somnambulisme peut être contagieux !
Diable d’homme que ce Benoit Drousie ! Hyperactif, boulimique, omniprésent : voici quelques qualificatifs qui caractérisent ce scénariste pour le moins prolifique qui depuis le début de l’année signe déjà de nouveaux épisodes de Tamara et Boule à zéro, sans oublier Les 3 fruits. Autre caractéristique de l’auteur belge, son attachement à travailler avec de jeunes talents, espagnols, de préférence.
Dans ce dernier album, il s’adonne avec humour et sans retenue au plaisir d’une histoire légère en imaginant la rencontre d’un flic subversif, plutôt bien de sa personne, et d’une blanchisseuse chinoise, fan de Benjamin Biolay et Boris Vian. Pour corser l’ensemble et lui donner une touche de poésie, la rencontre se fait d’une façon pour le moins originale. Sur ce thème humoristico-médical, Mai Egurza rend une partition graphique aux allures de gourmandise à la croisée des chemins entre Arthur de Pins, Marcial Toledano, et Martín Montse. Sur ce scénario gentiment décalé, la jeune illustratrice à l'héroïne stéatopyge transmet à sa galerie de personnages, la naïveté voulue.
Il est des divagations noctambules qui sont l’occasion à de gentilles petites histoires…
C'est une chronique sociale teintée d'humour que nous propose Zidrou. Le thème sera celui du noctambulisme qui semble se propager sur la ville entière. Il met en scène un gars qui termine sa nuit dans le lit d'une jeune femme célibataire et teinturière de profession. Le problème ? Il n'a pas été invité das le lit. Oui, cela peut poser parfois des difficultés !
Le ton de ce conte urbain est résolument léger sur un mode humoristique. Cependant, il arrive également à introduire une dose de poésie autour de ces ballades nocturnes sur les toits de Paris.
Pour autant, je n'ai pas été convaincu plus que cela. Sans doute, il y a trop de naïveté, trop de gentillesse dans cette intrigue qui n'avance pas. Reste le dessin de cette illustratrice espagnole qui réussit à nous charmer.
L’hyper-productif et éclectique scénariste Zidrou est souvent bien inspiré, parfois moins.
Là, c’est franchement moins… « Les promeneurs sous la Lune » est vraiment l’une de ses œuvres mineures ; gentillette mais si légère que j’en cherche encore l’intérêt…
Graphiquement, les décors à la Voutch façonnés par Mai Egurza créent des ambiances vides et léchées plutôt agréables.
En revanche, le scenario qui ne repose que sur une belle mais unique idée – une contagion de somnambulisme – s’avère d’une maigreur famélique. Même les meilleurs passages (le langage des ronfleurs par exemple) sont survolés ou restent allusifs.
Rien ne fait exister les personnages qui ne font que de la figuration, sans finalité aucune. C’est juste une aimable fantaisie. Du coup l’ensemble est étonnamment superficiel alors que tous les éléments préexistaient pour un récit onirique et beaucoup plus profond…car mieux élaborée, cette historiette aurait tout d’une grande !
C'est beau, c'est drôle, c'est tendre, c'est velouté... du Zidrou pur jus avec en prime la découverte, en ce qui me concerne, de Mai Egurza.
De cet ouvrage se dégage une impression douce et éthérée, comme un rêve en pleine journée. Un dessin tout en rondeur et des couleurs tendres donnent au lecteur le sentiment de faire partie de ce rêve. Suivez ces gentils somnambules de toit en toit, emportés par une bise d'humour frais. Un album aux tonalités songeuses qu'il convient d'apprécier au fond de votre lit avant de sombrer dans un profond sommeil... et vous réveillez ailleurs ? Une lecture hautement recommandable, avec comme seul regret une fin un peu désabusée.