D
ans sa ferme-auberge, en ce début du XIXe siècle, Rosa vit chichement. Elle ne demande pas grand-chose à l’existence, si ce n’est de pouvoir envoyer son mari tuberculeux au sanatorium. Mais pour cela, il lui faudrait quelque argent ! Un soir, à écouter les délires alcoolisés des mâles de la commune, une idée germe dans son esprit…
Il est des albums qui portent en eux bien plus que l’histoire qu’ils racontent : Rosa est de ceux-là. En 2004, au gré des étapes qui jalonnent la mythique route de la Soie entre Istanbul et Pékin, Bernard Ollivier raconte à François Dermaut, qui l’accompagne, la vie de Rosa : compagne imaginaire qui l’aida à surmonter les longues heures de solitude d’un précédent voyage. Désireux de donner une matérialité à ce personnage qui l’interpelle, le dessinateur de Malfosse ne pourra concrétiser son projet que bien des années plus tard. Il lui aura seulement fallu attendre les notes de Bernard Ollivier, se battre contre un cancer de la gorge et attendre que la liquidation des éditions 12bis soit réglée…
Très tôt mariée, Rosa "aime ses parents et le bon Dieu" et accepte le destin qu’ils ont voulu pour elle. Respectée de tous, elle va - par le truchement d’un improbable pari – se retrouver au centre des rivalités et des attentions de douze hommes. Toujours juste, souvent tendre, parfois cynique, Rosa s’attache aux pas de cette épouse qui découvre l’étendue de son emprise sur la gent masculine de son village. Basant son script sur la psychologie de ses protagonistes plus que sur l’efficacité des cliffhangers, François Dermaut sait prendre le temps d’installer son récit et de poser ses personnages. Véritable condensé de la diversité masculine, ce premier volet du diptyque aborde, au travers des fêlures de chacun, des thématiques universelles comme la place de la femme dans la société, les connivences de l’argent et la politique, les affinités de l’amour et du sexe, les relations compliquées de la religion et du libre arbitre… Le tout avec doigté et maîtrise. Agencée généralement sur trois bandes et utilisant toutes les variations qu’offrent les plans serrés, chaque planche est travaillée en couleurs directes, à l’aquarelle et aux crayons de couleurs. Dense graphiquement, parfois jusqu’à la saturation, chaque case est lourde des propos et des états d’âme des protagonistes.
Sur ce huis clos aux allures de comédie de mœurs, dessin comme scénario jouent sur le registre de la simplicité, de la profondeur, de l’émotion et de l’attachement. Que cela fait du bien !
Je viens de lire le T2 qui clôt bien ce diptyque et dont j'ai apprécié le propos et l'"émancipation" de Rosa au travers de ses différentes expériences avec des hommes représentant un large panel.
Les dessins de Dermaut un brin caricaturaux illustrent bien les personnages et les décors sont bien fouillés et ont le charme désuet de l'époque. Bref, j'ai beaucoup aimé.
Le tout petit bémol concerne l'âge de Mathieu (veuf et alcoolique de 25 ans son aîné) dont la case de la page 8 représente leur mariage... elle avait 16 ans et lui... 31 !?... c'est donc 41 qu'il avait ! (16+25)... les auteurs sont meilleurs en lettres qu'en chiffres !
Très belle histoire avec l'originalité du récit, les personnages sont forts et le dessin magnifique, l'ambiance, les lieux...
À lire absolument
Le tome 2 vient de paraitre, presque quatre ans après le premier. C'était très long d'attendre cet album. Et avant de l'ouvrir, il me semble nécessaire de relire le premier.
Quelle magnifique histoire, dans cette Normandie rurale ou se côtoie des personnages hauts en couleurs. Du propriétaire terrien au métayer en passant par de petits exploitants indépendants, ou le facteur et autres ouvriers agricoles, les personnages sont haut en couleurs, truculents,vrais.
Et puis il y a Rosa, une jeune femme,belle, mariée à seize ans à un homme âgé d'une trentaine d'années, qui refusera l'autorité masculine et imposera le respect à son homme. Mais la maladie arrive et son mari se meurt de la tuberculose et le sanatorium coute trop cher pour ces fermiers désargentés.
Dans l' échoppe que Rosa et son mari ont ouvert dans leur ferme, nait l'idée d'un pari pour savoir quel homme est le plus viril. Et Rosa se propose pour tester tous ces mâles sur d'eux et de leurs performances. Tout ceci contre de l'argent qui lui permettra de soigner son mari.
Ce récit pourrait dériver très vite dans le vulgaire et la paillardise, mais Mr Dermaut a tellement de talent qu'il nous livre un récit attachant et prenant, ou chaque personnages a une vrai personnalité et une forte présence.
Le dessin est abouti, sans doute le meilleur de Mr Dermaut, avec une finesse et une précision qui ravit le regard et l'esprit.
Ce récit est magnifique de beauté et finalement empreint d'une certaine pureté.
Loin du vice , on est plus dans une avancé vers la liberté que les femmes doivent avoir.
Incontournable album.
c'est pas tous les jours un bon moment comme ça.
Des personnages magnifiques, une histoire bien écrite et un dessin merveileux.
Sur un sujet aussi scabreux, on aurait peu s'attendre au pire.
Dans la campagne normande du début du 20ème siècle, Rosa doit, à la suite d'un pari d'argent entre hommes, départager le meilleur amant,afin de financer l'hospitalisation de son mari,beaucoup plus âgé qu'elle.
Si l'histoire met un peu de temps pour se mettre en place, elle permet surtout à François Dernault de nous livrer une galerie impressionnante de portraits ou plutôt de trognes que n'auraient certainement pas renié Guy de Maupassant! Sur ce premier volume, on découvre le caractère de ces candidats au titre du meilleur amant, tout en suivant le parcours de Rosa, femme de tête qui au fil des pages, devient la vraie maitresse de ce jeu, édictant elle même ses conditions, ce qui n'est pas banal pour une femme de ce début de siècle !
Les dessins soignés de Dernault sont superbes, et malgré le sujet, n'y cherchez aucun dessin scabreux.
Une histoire très intéressante qui se conclura avec un second album.
Excellent premier tome. Les dessins sont très beaux.
Les personnages sont attachants.
Vivement le second tome. bravo.
Une belle histoire, de beaux dessins, envie de lire la suite...
Une réussite quoi !!
Même si cette histoire se situe au siècle dernier, elle est attachante par la diversité des personnages et la morale qui en découle ....
Bel album, vraiment très réussit. L'idée de départ est excellente et on entre rapidement dans l'histoire. Les personnages sont attachants, le "mâle dominant" en prend pour son grade, mais j'ai adoré ça ! Les dessins sont également réussis. J'attends la suite, j’espère qu'elle ne se fera pas trop attendre.
Cette histoire réellement originale mise en image avec talent pourra être jugée définitivement après la parution du second tome, mais ce premier épisode se lit d'une traite car le pari osé dont Rosa est l'enjeu tient en haleine. Les personnages sont intéressants, ont des "trognes" en rapport et le destin de Rosa interpelle.
Vivement la suite.
A lire absolument effectivement.
Pour la qualité du dessin.
Mais également et peut être surtout pour le questionnement moral qui en découle.
Non pas que je sois un moraliste né mais cet album invite tout de même à se poser la question de savoir jusqu’où on peut aller par amour (si tant est que ce soit par amour...).
L'auteur ne porte aucun jugement de valeur sur son personnage principal et laisse à 100 %, du moins dans ce tome 1, le lecteur répondre aux questions que pose "Rosa".
Je dois dire que j'ai été surpris (a minima interrogé voir dérangé...) par cette bande dessinée et que je suis particulièrement curieux de savoir comment l'auteur compte s'en sortir (en espérant que cela ne soit pas par une pirouette !!).
Mon coup de cœur du mois et dans le top 10 de cette année !
cette chronique sociale dans un huis-clos d'un village rural est un délice à lire.
des dessins somptueux et précis.
Cette combinaison nous entraîne dans une situation ubuesque où se révèle l'esprit des hommes ...
bref, cela se lit sans lâcher une minute cet album !
bravo à Dermaut d'avoir enfin pu sortir cet album qui était dans ses cartons depuis de nombreuses années !