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ersonnage emblématique de l'Histoire de France, Napoléon Bonaparte est passé quasi instantanément, déjà de son vivant, d'homme à mythe. Admiré ou haï, il ne laisse personne indifférent. Son bicorne, sa main au gilet ou sa petite taille sont devenus des attributs universels largement utilisés, autant par les journalistes que les caricaturistes et autres humoristes de tous poils ! Dans Le Petit Napoléon illustré, Pierre Étaix et Jean-Claude Carrière « s'attaquent », à leur manière, à l'Empereur.
Paru originellement en 1963, ce récit au ton ironique n'aurait pas déparé au sommaire du Hara-Kiri cher à Cavana et au Professeur Choron. En effet, les deux auteurs ont composé une fable qui égratigne plus l'Hexagone dans son ensemble que son sujet central. Sous les flèches de l'écrivain (Le Retour de Martin Guerre, La Controverse de Valladolid), c'est toute la société et sa propension à utiliser le passé pour justifier sa suffisance qui sont visées. Ainsi, quand la rosette de Tino Rossi est mise en avant, c'est d'abord une certaine perte de la dignité d'une récompense destinée, à l'origine, à récompenser les mérites éminents de militaires ou de civils rendus à la Nation, qui est sous-entendue. À moins qu'il ne s'agisse simplement d'un hommage caché à l'Île de Beauté.
Plus proche d'un album de Sempé que d'une BD dans le sens strict du terme, l'ouvrage est un bijou de minimalisme et de précision. Les mots de Carrière engagent les dessins d'Étaix dans un duel humoristique et décalé. Ce dernier reprend au bond chaque idée et relance la donne en suggérant une nouvelle direction. Si, au premier abord, ce petit livre se lit rapidement, il se révèle très vite être une mine sans fond de double-sens facétieux. Au final, la symbiose entre les deux amis (leur collaboration dure encore aujourd'hui) est totale et le résultat fait immanquablement mouche, de la première à la dernière page. Chef-d’œuvre de concision et d'esprit, Le Petit Napoléon Illustré trouve immédiatement sa place aux côtés des classiques du genre.
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