E
n ce début du haut Moyen-Âge, l’archipel britannique connaît une paix relative. Toutefois, la situation est instable, les chefs bretons voyant d’un mauvais œil la présence des Saxons qui ont permis au Haut Roi Vortigern de sauvegarder sa souveraineté. La papauté s’inquiète de ces troubles dans des territoires où la foi chrétienne n’a pas encore chassé les anciennes croyances. Deux jeunes héritiers de seigneurs celtes sont précipités dans la quête d’un objet mythique, la pierre de Fal, qui doit les mener vers l’épée de Nuada, une arme forgée par les dieux qui permettra l’unification des clans. Ils vont devoir affronter un redoutable adversaire en la personne de Germain d’Auxerre qui s’intéresse aussi à ces talismans. Il compte bien les utiliser afin d’asseoir l’autorité de l’Église.
Éric Corbeyran, assisté de Thierry Jigourel en tant que consultant, se lance dans une aventure s’appuyant sur une solide toile de fond historique. Rome est tombée sous les coups de Wisigoths en 410, l’emprise de l’empire sur la Bretagne de l’Antiquité (soit l’Écosse, l’Angleterre et le Pays de Galles actuels) s’efface. Les vagues de conquérants se succèdent sur l’île. L’Église dépêche des émissaires pour aider le pouvoir face aux envahisseurs païens et maintenir son influence sur Britania. Il lui faut également lutter contre le pélagianisme, doctrine d’un moine breton déclarée hérétique. Dans ce contexte politique et dogmatique tumultueux, l’auteur introduit des enjeux autour de la mythologie celte irlandaise. Tous ces éléments s’agencent parfaitement pour former un récit enlevé et intrigant, au cours duquel les personnages et les rouages de l’intrigue se dévoilent progressivement. Cette dernière est simple, voire même rebattue, mais la narration est astucieuse et entraînante.
La mise en images est assurée par Ugo Pinson, illustrateur, qui réalise sa première bande dessinée. Et le moins que l’on puisse dire, c'est que sa prestation est remarquable. Il propose de véritables tableaux à la peinture à l’huile. Ce traitement audacieux et peu commun est une réussite, le dessinateur évitant, globalement, l’écueil d’une trop grande rigidité et d’une expressivité des visages exagérée souvent attachées à ce style. Les ambiances bénéficient d’une splendide utilisation des couleurs et d’un magnifique travail sur la lumière. Le rendu très dense peut évidemment lasser mais, dans le cas présent, il est idéalement adapté à la teneur de l’histoire.
Il faut sans doute lire cette série pour la période traité dans l'histoire de l'Angleterre à savoir au Vème siècle après JC sur les restes de l'Empire romain. C'est une période de paix relative après des décennies de pillage et de combat entre les différentes tributs.
Or, cette stabilité semble être menacée tout d'abord par l'Eglise qui souhaite asseoir sa domination dans une lutte dans relâche contre les anciennes religions des druides. Il n'est pas question du monument célèbre de Stonehenge.
Le récit se suit très bien mais il manque incontestablement d'originalité dans le déroulement. En même temps, j'ai apprécié la grade lisibilité de cette histoire. On comprends vite les tenants et les aboutissants. Par ailleurs, le dessin ne manque pas de charme et on fait la connaissance d'un nouveau venu.
Dommage que cela soit si classique.
Très belle série avec les magnifiques peintures de Pinson et l'histoire prenante et maîtrisée de Corbeyran