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uillet 2006. Comme tous les étés, Mustapha amène les siens dans son Liban natal. Gabriel, le fils aîné, est heureux : il a trouvé le moyen d'esquiver une partie du séjour et gardera la maison, l'occasion pour lui d'organiser de chouettes fiestas entre potes tandis que le reste de la famille renoue avec le pays. Or, dès leur arrivée, suite à un incident avec le Hezbollah, Israël entame les bombardements. Anna, l'épouse française, s'affole et souhaite partir vers Beyrouth rejoindre l'ambassade. Mais Mustapha n'entend pas se gâcher les vacances pour quelques tensions aux frontières. Hélas, le conflit s'aggrave et c'est tout le Liban qui se retrouve assiégé sous les bombes. Loin de la capitale, Mustapha s'entête, il est hors de question de fuir comme des lâches. Bientôt, il sera trop tard pour évacuer.
Après les Lumières de Tyr et Je n'ai jamais connu la guerre, Joseph Safieddine revient avec un récit autobiographique sur un événement brutal et récent qui eut très peu d'écho en Occident. Progressivement, la vie bascule dans une sorte d'irréel et de tranquilles vacances au soleil se transforment en cauchemar : explosions, coupures de courant, la nourriture et les médicaments manquent, et puis les morts, les ruines... Denis, le cadet adepte de la coolitude, est hémophile et sa mère s'affole, obsédée par le désir d'être rapatriée loin de ce chaos. Et Mustapha fait face à ses souvenirs, lorsque jeune homme, il avait voulu combattre et que son père l'avait exilé. Rongé par l'injustice et l'impuissance, il rêve de reprendre les armes.
Le dessin réaliste de Kyungeun Park, colorisé à l'aquarelle, ajoute à l'immersion. Paradoxalement, la guerre est insupportable pour Gabriel, resté en France, sans information, hormis celle de médias indifférents et les rares appels des siens qui minimisent la situation. Les Libanais, stoïques, accueillent les bombes comme une banalité du quotidien. Et c'est peut-être là, une étrange expérience de lecture. Pourquoi rester ? D'abord absurde, cette question s'impose rapidement comme une évidence. Il y a comme une certaine sérénité d'être dans un pays en guerre, l'impression de se retrouver enfin ancré dans le présent, d'être en vie, de savourer chaque seconde qui passe. C'est là que "Carpe Diem" prend tout son sens, loin de la vacuité du rythme occidental distrait par toutes les sollicitations artificielles.
Documentaire particulièrement édifiant, ce pavé de cent soixante pages évite l'écueil du sujet politiquement sensible en restant objectif et à hauteur humaine. Une réussite d'une belle maturité pour un jeune auteur.
J'ai été plutôt convaincu par ce récit tiré de l'histoire vraie d'une famille franco-libanaise sur fond d'histoire à savoir le bombardement du Liban par l'armée israélienne. On vit ces bombardements du point de vue du peuple libanais qui subit véritablement. Bravo pour leur courage et leur générosité !
En ce moment, je lis beaucoup d'oeuvres sur ce qui se passe au Moyen-Orient et cela tranche singulièrement avec la vision qu'on pouvait en avoir il y a encore 15 ans. Bien sûr, les médias français traitent cela avec légèreté comme cet épisode avec le journal de Claire Chazal qui minimise la portée de cette agression sans nom et qui enchaîne allègrement avec le coup de tête de Zidane lors de la coupe du monde. On se rend compte que les priorités ne sont pas les mêmes. Pour en revenir à mon idée de départ, ces oeuvres ont pour point commun de dénoncer les exactions israéliennes. Rien n'est proportionné dans leurs ripostes et on le voit encore avec l'exemple libanais. Le pire étant ces tracts balancés qui indiquent qu'ils ne bombarderont pas la population et qui le font quand même au nom de la protection de leur population. J'en suis ressorti dégoûté. Et dire que les auteurs ont pris soin de ne pas diaboliser ou angeliser !
Dans cette famille, le père serait à claquer car il est gagné par la haine de se battre au détriment de la protection de sa famille. Le combat est de toute façon perdu d'avance. La mère ne fait que geindre. Certes, il y a de quoi mais quand même. Il est vrai que l'angoisse nous prend au fil des pages avec ces bombardements aveugles qui se rapprochent. A vrai dire, j'avais totalement zappé cet épisode de l'été 2006. Cette bd fait bien de témoigner ce qui s'est passé et qui demeure inacceptable.
Une bd à lire sur un sujet grave que celui de l'horreur de la guerre. Une belle partition graphique couronne le tout.
Le récit est beau, réaliste et vrai de toute façon. Les dessins sont très beaux. Les couleurs sont agréables et gaies. C'est une belle présentation d'une petite tranche du conflit libano-israélien et d'un moment de trouble que connaît une famille qui au départ se sent toujours en sécurité et non concernée par les bombardements et le cœur de la guerre en plein Liban. Mais voilà : çà se passe mal pour eux. Bravo aux auteurs, c'est un grand travail qu'ils ont réalisé, 160 pages, que dire?
Toutefois, pour ma part, les pages sont monotones très souvent, on revoit toujours les mêmes têtes sur les planches, la cascade de violence ou la dégradation de la situation est mal présentée. Souvent on voit des immeubles qui sembles vides mais qui ne le sont pas. Parfois il y a des figurants et parfois il n'y en a pas. La rue est souvent coupé dans la planche. A la fin, la BD m'a ennuyé. J'étais impatient de la terminer.
En tout état de cause, elle est correcte.
Le conflit du Liban avec Israël ne date malheureusement pas d'hier. Cette BD qui relate les vacances d'une famille Franco-Libanaise dans leur pays d'origine alors que survienne les bombardements de 2006 nous fait découvrir ce pays méconnu. Ces habitants attachants, ces rues ensoleillées et cette fraternité constante face à l'adversité font chaud au cœur.
Les dessins servent à merveille ces personnages qui continuent à vivre malgré ce ciel qui ne cesse de leur tomber sur la tête. Rien à voir avec les angoisses de nos Gaulois préférés, ce récit authentique vaut le coup d'être lu !
Sans conteste l'une de mes meilleures lectures de 2015. Ne vous laissez pas décourager par le sujet : ce n'est pas un livre larmoyant, mais un récit humain et haletant, qui fait réfléchir.
Les personnages sont extraordinairement "vrais", profonds et attachants. Les dessins sont beaux et agréables. J'ai dévoré ce livre. Un immense bravo aux auteurs.
Une vue intérieure du conflit israélo-libanais en 2006. Un récit touchant qui vous tient en haleine jusqu'à la fin du livre. Poignant.