I
mbuvable. Il n'y a en effet pas d'autre mot pour qualifier la tête d’œuf à fine moustache, inépuisable Vodkatini en main, qui décoche ses répliques assassines à tous ceux s'aventurant à converser avec lui. Ce, bien évidemment, sous un flegme inaltérable qu'on imagine de composition tant il doit jubiler à l'intérieur de ses exploits rhétoriques.
Sûr de sa capacité à analyser le profil psychologique de ses souffre-douleurs pour mieux les accabler, l'homme se complaît dans la vacherie facile, l'humiliation cinglante. Misogyne bien entendu mais pas que, ne s'abaissant pas à épargner les mômes ou les faibles, stoïque en toutes circonstances (même lorsque la gifle s'abat car les retours de manivelle existent), il a l'alcool permanent, ni triste ni joyeux. Et ce qui peut ressembler à des tentatives de rapprochement social (n'osons pas le mot de séduction) vire parfois au pugilat verbal.
Elle : "Enchantée".
Lui : "Tout la plaisir est pour vous".
Elle : "On peut se dire tu ".
Lui : "On peut aussi ne rien se dire du tout".
Elle : "Tu es suffisant".
Lui : "Et toi insuffisante".
Sur près de 160 pages, c'est un florilège de strips de ce genre qui font claquer dialogues et monologues comme quelques coups de fouet de trois cases. Oui ça vient d'un blog (avec 20 % d'inédits et un supplément d'illustrations interstitielles, annonce l'éditeur), oui c'est archi dépouillé d'un point de vue graphique pour privilégier le choc des mots, oui c'est souvent gratuit et juste pour le plaisir de la répartie. Autant de mauvaises excuses à évacuer pour ne pas se priver d'un plaisir à boire à petites gorgées.
En parlant de forme...
Lui : "Je pense de plus en plus que la forme est indissociable du fond... Je pense même que la forme détermine le fond... Tu m'écoutes ?"
Elle "Disons que je fais semblant, pour la forme".
Lui : "..."
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