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ès son retour d’Irak, Mallory Grennan a dû s’occuper des funérailles de son père. Obsédée par les actes de torture qu’elle a perpétrés lors de son service, elle peine à retrouver une vie sociale. Elle n’est pas aidée par son patron qui la harcèle sexuellement, ni par la réception de mystérieux courriers sur lesquels ne figure qu’une empreinte de pouce.
Après The Cape, Jason Ciaramella adapte une autre nouvelle de Joe Hill, écrivain prometteur et scénariste de comics (Locke & Key). Cette histoire s’articule autour du drame d’Abou Ghraib et des exactions commises par l’armée américaine. Elle évoque les thèmes de la difficulté du retour à une vie normale pour les soldats et les problèmes de prise en charge de ces combattants qui ont été les acteurs ou les témoins d’actes de barbarie. Même si certains aspects mériteraient d’être plus explorés, la réalisation est convaincante et il en ressort un thriller tendu. Cet aspect est renforcé par le dessin réaliste de Vic Malhotra. Son graphisme s’attache surtout à donner corps aux ambiances et à distiller la tension du récit.
Cette édition est complétée par le texte original de Joe Hill et par l’adaptation d’une autre nouvelle de l’auteur, Kodiak, très joliment mise en images par Nat Jones.
Thumbprint est un petit thriller, basé sur une nouvelle de l’écrivain Joe Hill mais scénarisé par Jason Ciaramella, ayant pour toile de fond le scandale d'Abou Ghraib (Joe Hill’s Thumbprint 2012, #1-3).
L’histoire est très brève et raconte le harcèlement et l’intimidation dont est victime une militaire américaine de retour au pays ainsi que sa difficile réintégration à la vie civile après avoir participé à des abus commis à la prison d'Abou Ghraib lors de son séjour en Irak. Les auteurs ne prennent pas position et entretiennent au contraire une certaine ambiguïté sur la légitimité de ces violences ou la sincérité du repentir de son personnage. Il ne faudrait toutefois pas surinterpréter leurs propos, il s’agit après tout seulement d’un bon petit thriller tendu, malsain et très efficace et qui aurait mérité d’être davantage développé.
Quant au dessinateur, Vic Malhotra, je ne le connaissais pas du tout avant d’ouvrir cet album. Son trait assez gras, très encré et malgré tout plutôt précis m’a immédiatement plu et me fait penser au travail de John Paul Leon ou de Paul Azaceta. Sa fiche-auteur est désespérément vide, il gagnerait pourtant à être plus connu.
Les trois numéros, totalisant une soixantaine de pages, sont très justement complétés du texte original "Empreintes de pouces" de Hill sur une vingtaine de pages (et qui présente d’ailleurs quelques différences notables avec son adaptation en comics), des habituelles quelques pages de croquis mais aussi d’un autre petit comics, "Kodiak", racontant l’histoire d’un ours au Moyen-Age. Également scénarisé par Hill et Ciaramella, on se serait volontiers passé de cette histoire qui n’a aucun rapport avec la première et qui n’est clairement pas au niveau tant en ce qui concerne le scénario que le dessin. Mais sans doute fallait-il gonfler la faible pagination de l’album pour en justifier son prix.