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égnant sur une cour en proie à la décadence, la race des ogres-dieux est vouée à s'éteindre. À chaque génération, les unions consanguines génèrent des individus de plus en plus petits et stupides. Lors d'un festin, la reine accouche d'un fils aussi minuscule que le bétail humain dont elle festoie. Au lieu de l'avaler comme il sied, elle décide de le confier à la tante Desdée, dernier vestige d'une lignée encore intacte, recluse pour son refus de consommer la chair des hommes. Elle viole ainsi la loi, non par amour maternel, mais parce qu'elle espère que Petit sera le prochain Fondateur, qu'il sauve l'espèce en s'unissant à des servantes pour faire naître à nouveau des géants délivrés de toute tare génétique.
Un seul mot ou une onomatopée plutôt: Whaaaaaaaaah. La couverture n'est qu'un avant-goût de la merveille graphique qui s'épanouit sur cent cinquante pages. Un noir et blanc sublime, riche en détails, en expressivité, en jeux architecturaux qui rappellent MC Escher ou Gustave Doré. Un dessin à l'encre qui compose l'ambiance d'un sombre seizième siècle, époque sanglante et gothique où sévit la Mère l'Oye, un Crépuscule des dieux qui meurt dans la violence, la crasse et la dégénérescence. Chaque chapitre est séparé par une brève histoire écrite des aïeux, laquelle apporte un éclairage nostalgique au récit et creuse l'abysse entre le moment présent et le passé glorieux des rois-ogres. Cette fable est voltairienne jusque dans son final, amer et inattendu, qui apporte une ultime leçon philosophique très moderne (au sens historique du terme).
Il est facile de s'attacher aux trois personnages clés et symboliques : Desdée, qui représente la sagesse, seul repaire de paix et d'intelligence dans un palais en proie aux brutes ; la reine, femme meurtrie dans son rôle de génitrice ratée, qui cherche à tout prix à restaurer ses ambitions perdues à travers son enfant ; et Petit, véritable Candide, balloté entre les injonctions de Desdée et la frustration de sa mère, qui peine à se faire sa place dans un monde qui ne veut pas de lui. Une représentation classique des trois âges, des contradictions qui s'affrontent sur le chemin de la vie, une parabole du destin : c'est bien le lot de chacun de lutter pour s'extraire des projections parentales et des rôles prédéfinis afin de trouver sa propre voie. Hélas, les contes sont souvent le reflet de la vie : injustes et cruels.
Le dessin m'a bien plu mais cette histoire nauséabonde mêlant orgies, cannibalisme et consanguinité m'a pas mal dérangé. Je n'ai pas accroché.
Version européenne de "l'Attaque des titans", avec ces mêmes cauchemars primordiaux d'ogres et de chair humaine. L'univers est dense, le dessin est prodigieux, l'angoisse est réelle, l'émerveillement aussi.
Les ogres-dieux m'ont surpris par son récit gargantuesque et surtout par son graphisme un peu gothique. J'ai tout de suite adhéré à l'histoire de ce clan familial. La lecture a été facile et agréable. On entre tout de suite dans ce conte pour adultes et on ne le lâche plus jusqu'à la fin.
Par ailleurs, l'originalité est de mise dans ce royaume des ogres. Bon, le cannibalisme m'a un peu rebuté mais c'est une histoire d'ogres ! Il est question d'un déterminisme familial ou plutôt d'une révolte qui couve au sein du royaume pour faire chuter l'ordre établi et chancelant.
J'aurais sans doute souhaité une autre fin plus éclatante encore. Manger ou être mangé, tel est le dilemme à prendre en considération.
Etrange ouvrage que « Les ogres-dieux »…
Le travail graphique de Gatignol y est saisissant : la gestion de la lumière, la qualité du noir et blanc, la précision des décors et des perspectives etc… C’est très beau.
Les personnages, eux, sont déjà beaucoup plus banals. Il n’y a qu’Émione qui dénote, son visage et ses expressions étant particulièrement réussis.
Mais pour le scenario, je suis encore plus circonspect. Outre l’idée maîtresse - à savoir la cohabitation d’humains asservis et d’ogres gigantesques - il n’y a quasiment rien… ou alors je suis passé à côté !
Pour être franc, j’ai été parfaitement insensible à ces ogres. « Petit », héros sans caractère défini, m’a semblé inconsistant, et toute cette clique décadente, orgiaque et malveillante ne peut susciter aucune empathie chez le lecteur. Par conséquent, l’enjeu de sauver l’espèce, principal ressort narratif, n’a plus aucun intérêt. Je n’ai pas trouvé où que ce soit dans l’écriture un début de réflexion ou d’émotion.
J'espère qu'il y aura une suite, parce que là aussi, les auteurs ont investis sur un format magnifique avec des dorures, des couleurs simples et pourtant flamboyantes. Les dessins sont gothiques, magnifiques. Les scènes sont dures et cruelles. L'ambiance est noire et oppressante. L'histoire devra être suivie et sera certainement un challenge pour ses auteurs. Les rétrospectives à l'introduction des chapitres sont superbement rédigées. Indispensable.
Certe le dessin est virtuose, certe l'histoire est ambitieuse, mais j'ai du mal à ressentir de l'empathie pour des ogres racontés sans aucun humour, qui ne sont ni vraiment sympathiques ni très beau. Bref j'ai lu jusqu'au bout parce que c'est quand même très bien fait, notamment les petits récits historiques, mais je n'ai ni le courage ni l'envie de le relire pour en comprendre toutes les subtilités.
Un travail de virtuose un peu trop froid pour moi.
Un conte généalogique et gigantesque|
On suit donc l’enfance de ce petit géant tiraillé entre les valeurs d’humanisme inculquées par sa tante et son instinct naturel de mangeur d’hommes. Chapitre par chapitre, on apprend l’histoire de ses aïeux qui ont construit le royaume et sa légende.
Voilà un conte aux codes résolument gothiques. Une architecture démesurée, une décoration chargée et un noir puissant qui, associé à un trait délicat, offre paradoxalement un dessin lumineux. L’ambiance dans cette BD est à la décadence, à la crasse et à la férocité. Totalement captivant.
« Petit » est le premier tome d’une légende flamboyante.
https://bdsulli.wordpress.com/
Tout simplement magnifique et quel bon scénario ! J'ai lu les 160 pages d'un coup. J'ai hâte au prochain tome d’Hubert, que va-t-il nous inventer encore ?!?
Hubert et Gatignol , à l'instar de Vivès, Balak et Sanlaville pour Last Man, réinventent tout simplement la BD. Splendide!