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evenue reine des Vikings du Nord grâce à son mariage avec Jolan, Kriss de Valnor fait face à une énième épreuve dans sa quête pour apaiser les Dieux. En effet, l'empereur Magnus est prêt à en découdre pour imposer sa foi et, surtout, sa politique. Qui a dit qu'il était aisé d'être une héroïne en cette époque troublée ?
Orphelin de scénariste (Yves Sente s'est brusquement retiré du projet), Giulio De Vita se retrouve seul à la barre du titre. Malheureusement, si la continuité de l'histoire est respectée, Rouge comme le Raheborg reste bien en deçà du potentiel dramatique de son personnage central. En effet, depuis quelques tomes, la ligne narratrice s'est détachée de Kriss pour se transformer en une saga sur fond de luttes pour le pouvoir mâtinée de guerre de religion (les anciens Dieux face à Yahvus). Si la farouche guerrière demeure la star, il s'agit désormais plus d'un récit fantasy assez banal (difficile de maintenir beaucoup de suspens quand la bataille se déroule aux pieds d'un barrage géant) sans grand rapport avec l'objectif originel. Les quelques rappels avec Thorgal, la série mère, en deviennent pratiquement superflus, voir artificiels.
Graphiquement, De Vita se détache de plus en plus du trait de Rosinski et impose son style. Ce choix fera peut-être grommeler les puristes (il est vrai qu'autant Kriss que Jolan sont moins ressemblants qu'à l'habitude), mais comme le dessinateur ne démérite pas et démontre un excellent sens du découpage, le résultat est globalement réussi. Dommage néanmoins que les dialogues, souvent très pauvres et redondants, viennent quelque peu plomber la lecture.
Après une dizaine d'épisodes, l'entreprise « Les mondes de Thorgal » commence à montrer des signes de fatigue. Espérons que la venue dans l'équipe de Xavier Dorison lui donnera un second souffle.
Mouais...
Fan depuis tout petit de Thorgal, je crois que je continue d'acheter pas habitude... Dommage que Thorgal ne soit devenu qu'une machine à fric...
Jolan qui devient un "chevalier", qui tue (oui oui, vous avez bien lu) tout ce qui bouge. Son éducation ne lui a donc servi à rien???
L'histoire tient la route à peu près, mais c'est tout l'âme de "Thorgal" qui s'en va de plus en plus (depuis le départ de VanHamme?!?).
Les tomes 3, 4 et 5 et je pense les suivants... font partie intégrante de la série Thorgal, si l'on suit les aventures de Torghal on est obligé de suivre ces aventures de Kriss et de Jolan dans le monde des vikings...
Difficile de continuer à maintenir le niveau de la série alors que l'équipe en charge de l'univers de Thorgal est soumise à certains changements importants, ce qui implique des passages de flambeaux toujours difficiles à gérer. Cet album souffre visiblement du départ acté du scénariste Yves Sente, mais également de l'absence de Graza aux couleurs. Cette-dernière était présente dans la série depuis 1993 et assurait une cohérence aux différents cycles, quel que soit le dessinateur. Giulio de Vita en profite d'ailleurs pour imposer son propre style, qui gagne en netteté mais s'éloigne définitivement de celui du Rosinski de l'époque. Tous ces changements d'un coup, ça fait beaucoup à avaler. En fait, pour la première fois, je me dis qu'on a véritablement perdu l'univers Thorgal. Du coup, j'ai lu "Rouge comme le Raheborg" avec une certaine distance. Ce n'est certes pas mauvais, mais le plaisir de lecture est incomparable avec celui des heures de gloire de la série.