D
ave habite Ici, une île idyllique sur laquelle tout est parfait et tranquille. Employé modèle et citoyen exemplaire, il est également mélomane et dessinateur amateur. Il mène une vie à l'image de sa ville : sans histoire et bien réglée. Sauf pour un minuscule détail, un poil de barbe récalcitrant qui va se mettre à pousser jusqu'à en bouleverser l'ordre établi.
Fable tragi-comique, La gigantesque barbe du mal empiète sur plusieurs genre sans aucune gêne et avec une certaine jubilation. Le récit signé Stephen Collins papillonne du vrais-faux conte pour enfants signé Roald Dahl à la satire façon Jonathan Swift en passant même par l'auto-fiction sur fond de critique sociale (Georges Orwell n'est pas loin). De plus, le scénario se révèle à tiroirs et donne naissance, au fil des pages, à plusieurs écrans de fumée et voies sans issue supplémentaires. Même anglais sur le fond, l'album ressemble par moments à une véritable auberge espagnole ! Malgré tout, l'origine britannique de l'auteur dicte le ton, particulièrement à cause d'un humour tout insulaire et un rythme très posé marqué par un flegme made in UK. Toujours étant, le livre est plus que prenant et il est difficile de poser avant de l'avoir refermé.
Graphiquement, Collins réalise également un véritable tour de force. Les dessins au crayon gris sans encrage donne à l'ensemble une atmosphère décalée, à la fois contemporaine et intemporelle. L'influence de Raymond Briggs est indéniable, même si elle reste discrète et assumée ; dans l'ombre du maître, le dessinateur a bien les mains sur la barre. Il démontre d'ailleurs une inventivité incroyable dans le découpage et la construction des planches. Celles-ci semblent être connectées sur les états d'âme du héros. Cette situation provoque des résultats plus que surprenants quand les cases se mettent à onduler, s’agrandir ou, à l'inverse, à rapetisser suivant l'humeur du moment.
Pour son premier ouvrage d'importance, Collins signe, avec La gigantesque barbe du mal, une œuvre humaniste et rafraîchissante. À découvrir d'urgence.
Alors je l’avoue, je n’ai pas saisi la finalité de l’histoire, la morale, la logique, ce que voulait nous faire comprendre l’auteur.
Malgré cela, j’ai passé un bon moment en compagnie de cet ouvrage.
D’abord, j’ai trouvé les dessins superbes. A la fois simplistes et très travaillés.
Les traits sont simples, assez ronds, les visages se contentent de points pour les yeux, d’un trait pour la bouche ; les vêtements sont faits de lignes droites ou courbes, pas un pli… Mais cela cadre super bien avec le monde proposé, lisse, évident.
Et en même temps, les plans larges foisonnent de détails, les ombrages sont magnifiquement travaillés, chaque case est un plaisir à lire !
Et puis le découpage est excellent ! Tout ce qu’il y a de plus carré pour, encore une fois, cadrer avec ce monde, certaines pages proposent des cases originales, des mises en scènes super efficaces dans la narration.
Enfin, si je n’ai pas compris la finalité réelle du message, l’histoire est très sympa à suivre.
Le monde présenté est terriblement crédible et tout ce qui est mis en avant, la banalité, la routine, l’effroi, la fascination, est mis en relief avec subtilité.
L’auteur a pensé à tout – toutes les solutions envisagées et problèmes posés découlent d’une logique sans faille.
Alors si je n’ai pas compris la morale, j’ai quand même passé un excellent moment !
Superbe conte moderne!
Un univers graphique très original avec beaucoup de poésie.
Ce Stephen Collins commence fort!